40 ans de progrès en cardiologie. Chapitre 6 : l’arrêt cardiaque

Massage cardiaque et mise en place du défibrillateur

Massage cardiaque et mise en place du défibrillateur

L’arrêt cardiaque inopiné touche chaque année en France plus de 50 000 personnes et il est responsable d’un décès sur 8. La survie après un tel événement a en effet longtemps été de 2 à 3 %.

Fort heureusement, des progrès ont été réalisés qui ont permis d’améliorer le pronostic.

Quelques chiffres 

  • actuellement, 5% de survie, mais des chances de survie multipliées par 3 si les témoins pratiquent une réanimation cardiopulmonaire avec une défibrillation.
  • Chaque minute qui passe, c’est 10 % de survie en moins.
  • 75 % des arrêts se produisent devant un témoin.
  • 1 personne sur 20 sera témoin d’un arrêt cardiaque.

Même s’il concerne surtout les adultes après 40 ans, il peut arriver à tout âge.

Copie de l'article de Vosges Matin du 13 septembre 2016

Article de Vosges Matin du 13 septembre 2016

Où surviennent les arrêts cardiaques?

Plus de 3 sur 4 surviennent à domicile, d’où la nécessité d’avoir des défibrillateurs près des lieux d’habitation (voir à l’intérieurs des immeubles).

Les autres surviennent dans différents lieux publics.

1% surviennent chez des sportifs, mais ce sont les plus médiatisés, faisant faussement croire qu’ils ne concernent pas les autres personnes.

Parmi les causes principales, on retrouve la maladie coronarienne, et en particulier l’infarctus à la phase aiguë, et les cardiomyopathies (atteintes du muscle cardique). Plus rarement, ce sont des anomalies congénitales ou génétiques responsables de troubles du rythme cardiaque naissant dans les ventricules (*).

Voici donc l’histoire de Mme Z.

Elle est résumée dans sa lettre de sortie. Dans cette lettre les gestes médicaux et les traitements ont été mis en gras.

Mme Z, 58 ans, a présenté le 5 septembre un arrêt cardiaque sur la voie publique pris en charge rapidement par un témoin qui a pratiqué un massage cardiaque et pu rétablir un rythme normal grâce à l’utilisation du DAE (défibrillateur automatique externe) situé sur le mur de la mairie de son village.

Explications sur le fonctionnement d’un DAE (extrait du diaporama utilisé lors des formations)

Le SAMU l’a conduite à Brabois où elle a eu en urgence une coronarographie qui s’est avérée normale. L’échographie, montree une cardiomyopathie dilatée avec FE base à 25% et il existait des signe d’insuffisance cardiaque.Elle a bénéficié d’un défibrillateur automatique implantable triple chambre.

Son traitement comporte : Furosémide, Bisoprolol, Ramipril, Spironolactone.

Que ce serait-il passé en 1978 ?

1 – Version optimiste : elle aurait pu être sauvée et serait ressortie de l’hôpital avec la lettre suivante :

Mme Z, 58 ans, a présenté le 5 septembre un arrêt cardiaque sur la voie publique, pris en charge rapidement par les secours qui ont pratiqué un massage cardiaque. A son arrivée aux urgences un choc électrique a rétabli un rythme normal.

Il a été mis en évidence une cardiomyopathie dilatée avec fraction d’éjection basse à 25% et il existait des signe d’insuffisance cardiaque.

Son traitement comporte : Lasilix, Risordan, Amiodarone.

2 -Version pessimiste : les témoins n’auraient pas appelé les secours ou l’auraient fait tardivement, et madame Z n’aurait pu être réanimée.

De quels progrès Mme Z a-t’elle bénéficié ?

Les progrès dans la prise en charge des urgences

Les secours (15, 18 ou 112) sont de plus en plus souvent et plus précocement appelés en cas d’arrêt cardiaque ou d’infarctus (ce qui va limiter le nombre d’arrêt cardiaques et permettre si nécessaire leur prise en charge immédiate par le SAMU s’ils surviennent dans l’ambulance).

De plus en plus de personnes savent faire un massage cardiaque et utiliser un DAE.

Les véhicules de secours disposent de défibrillateurs et sont médicalisés.

Enfant pratiquant un massage cardiaque

Appeler, puis masser et défibriller : les trois piliers de la prise en charge de l’arrêt cardiaque

Les progrès thérapeutiques.

Les défibrillateurs (*)

  • 1947 : première défibrillation à thorax ouvert au cours d’une intervention (Claude Beck, USA).
  • 1956 : première défibrillation externe chez l’homme (Paul Zoll, USA).
  • 1967 : première défibrillation externe extra-hospitalière.
  • 1980 : premier défibrillateur implantable (Michel Mirowski, USA) avec des sondes épicardiques (fixées à la surface du cœur lors d’une intervention).
  • 1994 : premier défibrillateur externe semi automatique (DSA)
  • 1994 : stimulation triple chambre : Serge Cazeau (Rennes).
  • 1994 : sondes intracardiaques pour les défibrillateurs implantables (comme pour les stimulateurs cardiaques).
  • 1995 : premier défibrillateur-stimulateur.
  • 1996 : premier défibrillateur portable (gilet Lifevest, société Lifecor-Zoll, USA).
  • 2002 : premier défibrillateur-stimulateur triple chambre.
  • 2004 : premier défibrillateur automatique externe (DAE) utilisable par le public (Cardiac Science).
  • 2008 : premier défibrillateur sans sonde.

Défibrillateur-stimulateur triple chambre avec les électrodes de défibrillation (flèches jaunes) et les électrodes de stimulation (flèches rouges)

L’utilisation des défibrillateurs par des « non-médecins » 

  • 1989 : avis favorable du Comité d’Éthique et de l’Ordre des Médecins pour l’utilisation d’un défibrillateur par des « non-médecins ».
  • 1993 : autorisation Ministère de la Santé pour expérimentations à Lille et Paris.
  • 1993 : la Fédération Française de Cardiologie (FFC) fait de l’urgence cardiaque une de ses priorités.
  • 1994 : Journée nationale de l’urgence cardiaque organisée par la FFC le 8 octobre 1994 (*).
  • 1995 : le club Cœur et Santé de Saint-Dié organise ses premières journées de formation aux gestes d’urgence auprès des scolaires avec de nombreux partenaires, puis forme des responsables sportifs, des salariés de la ville…
  • 1996 : avis favorable de l’Académie Nationale de Médecine pour l’utilisation d’un DSA par des « non-médecins ».
  • 1998 : décret du 27 mars qui fixe les catégories de personnes « non-médecins » habilitées à utiliser un DSA.
  • 2007 : décret du  7 mai permettant à chacun d’utiliser un DSA ou un DAE
  • 2018 : décret du 21 décembre qui précise les établissements devant s’équiper d’un DAE, les modalités de maintenance et l’emplacement de l’appareil qui doit être visible du public et en permanence d’accès facile.
  • 2020 : 1er janvier, les établissements recevant plus de 300 personnes (personnel  compris) doivent être équipés d’un DAE. Les autres devront l’être dans les années qui viennent.
  • 2020 : adoption le 12 février 2020 d’un projet de loi sur le statut de citoyen sauveteur, collaborateur occasionnel du service public (*).

La Journée de l’urgence cardiaque a lieu le 8 octobre 1994

L’implantation des DAE publics et le projet Défidéo (*)

  • 2005 : premiers DAE publics à Montbard (Côte d’Or).
  • 2006 : premiers DAE publics à Issy les Moulineaux.
  • 4 mai 2007 : décret autorisant l’utilisation des DSA et DAE par tous
  • juin 2007 : Congrès régional des clubs Cœur et Santé, conférence sur la mort subite du Pr E. Aliot, président de l’Association de Cardiologie de Lorraine et vice président de la FFC.
  • juin 2007 : lancement de Défidéo par le club Cœur et Santé de Saint-Dié.
  • 3 décembre 2007 : première réunion publique sur Défidéo organisée par le club.
  • Février 2008 : Défidéo porté officiellement par le Pays de la Déodatie.
  • Septembre 2008 : premières formations du public dans les communes, renouvelées chaque année, en particulier lors de l’installation des DAE.
  • Octobre 2008 : le club Cœur et Santé reçoit de la FFC son premier DAE.
  • 2010 : 31 premiers DAE publics installés en Déodatie (101 maintenant, sans compter les établissements de santé, maisons de retraites, entreprises, supermarchés, enceintes sportives, maisons de quartiers, collèges et lycées…).

Présentation du « kit Défidéo » par Nathalie Vinot, ingénieur bio-médical au centre hospitalier de Saint-Dié

Les traitements médicamenteux 

Cela concerne surtout les bêtabloquants, les inhibiteurs de l’enzyme de conversion, les anti-aldostérone (*).

L’évolution de la prise en charge des arrêts cardiaques depuis 1978

Elle a été améliorée grâce à

  • de nouveaux outils thérapeutiques (défibrillateur-stimulateur, médicaments),
  • une évolution de la législation,
  • plus de public formé,
  • plus de DAE en accès public 24 h sur 24.

Mais il reste encore beaucoup à faire.

Les apprenants du jeudi soir

Une des formations organisée par le club Cœur et Santé

(*) Pour en savoir plus nous vous conseillons de lire (ou relire) les articles précédents :

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