A l’occasion de la Journée internationale du droit des femmes, nous reprenons la campagne « Femmes libres » lancée le 31 mai dernier à l’occasion de la Journée Mondiale sans Tabac, le 31 mai 2021, par l’ACT (Alliance contre le tabac) en partenariat avec la FFC. Une campagne sur les risques du tabagisme féminin et l’urgence de s’en libérer.
Quelques repères chiffrés :
Le tabac est responsable d’1 décès sur 5 chez les femmes de moins de 65 ans
En 2019 = 20 000 décès de femmes fumeuses
Le nombre de décès liés au tabac a plus que doublé chez les femmes entre 2000 et 2015
Chez les personnes de moins de 50 ans, dans 70 à 80 % des cas, le tabac est souvent l’unique facteur de risque des infarctus du myocarde.
Plus de 75% des femmes présentant un infarctus avant 50 ans sont fumeuses
Les stratégies marketing misent en place par les industriels du tabac, durant des années, ont eu pour objectif de cibler les femmes, usant des normes et des facteurs psychosociaux pesant sur elle tels que la pression de la minceur et de l’apparence, en associant cigarette et glamour.
L’industrie du tabac s’est également servie du combat des femmes pour leur émancipation, en créant l’illusion d’une liberté acquise à travers la cigarette, pour finalement enfermer les femmes dans la dépendance et les priver d’une part de leur liberté.
Le tabac a des conséquences insuffisamment connues sur la santé cardiaque des femmes. C’est notamment pour cette raison que l’ACT lance, aujourd‘hui, cette campagne en partenariat avec la FFC. L’ACT et la FFC encourage les femmes à s’affirmer sans fumer.
La FFC se mobilise auprès de l’ACT pour informer et sensibiliser le grand public : prendre en compte les spécificités des femmes à toutes les étapes de leur vie (puberté, contraception hormonale, grossesse, ménopause). Faire connaître les risques trop peu connus pour la santé des fumeuses. Pour la femme le risque le plus important qui est pourtant méconnu est le risque cardiaque. Avant 50 ans, plus d’un infarctus sur 2 chez la femme est directement lié au tabac.
Les maladies neuro- cardiovasculaires ne sont pas une fatalité, 8 sur 10 sont liées à des risques évitables ou modifiables, dont le tabagisme.
« Femmes libres », une campagne pour informer sur les spécificités du tabagisme féminin et introduire un changement de perception du tabac par les femmes, pour inviter les femmes à prendre du plaisir à s’affirmer sans fumer et à profiter pleinement de leur liberté en tant que femme.
La cigarette, ça brise le cœur ! Un message de Santé Canada
Les dernières données du tabagisme des 18 à 75 ans, datant de 2017, ont publiées le 29 janvier 2019 dans le Bulletin de Santé Public Grand Est (BSP). Elles montrent que la population de notre région figure parmi celles où l’on fume le plus.
On trouve aussi dans le BSP des informations sur les jeunes de 17 ans et les femmes enceintes ainsi que des statistiques sur les principales maladies liées au tabac : cancer du poumon, bronchite chronique et maladies cardiovasculaires.
Dans ce premier article nous présentons les données globales sur le tabagisme.
La région Grand est l’une de celles ont l’on fume le plus
En 2017, notre région comptait 1,2 millions de fumeurs quotidiens âgés de 18 à 75 ans (soit 30,1 % de fumeurs quotidiens). C’est un peu moins qu’en Provence-Alpes-Côte d’Azur (32,2 %), Hauts-de-France (30,5 %) et Occitanie (30,3 %), mais nettement plus qu’en Île de France (21,3%).
Carte du tabagisme en France selon les régions
Près des trois-quarts (74,7 %) des fumeurs quotidiens du Grand Est consomment plus de 10 cigarettes/jour), contre les deux-tiers au niveau national (66,8 %).
Conséquence de ces habitudes, le Grand Est présente une incidence et une mortalité élevées pour le cancer du poumon, la broncho-pneumopathie chronique obstructive et les cardiopathies ischémiques) avec de fortes disparités entre les départements ; la Moselle, la Meurthe-et-Moselle et les Ardennes présentant les situations les plus préoccupantes.
Evolution entre 2000 et 2017
Les variations ne sont pas les mêmes chez les hommes et chez les femmes. Pour ces dernières, après une baisse nette en 2016 (6,5 % de fumeuses en moins) on constate une hausse de 5,2 % en 2017 avec le même pourcentage de fumeuses qu’en 2000. Chez les hommes. les tendances sont inverses ces dernières années, mais on constat une baisse des fumeurs depuis 2000.
Le tabagisme des jeunes de 17 ans dans le Grand Est : des données encourageantes à première vue
En 2017, on comptait 25,1 % de fumeurs chez les jeunes Français de 17 ans avec des taux variant de 18,9 % en île-de-France à 31,0 % en Bretagne. Le chiffre pour le Grand Est est de 23,5 %.
Pourcentage de fumeurs quotidiens à 17 ans
Mais les jeunes de 17 ans du Grand Est sont de « gros » fumeurs
Chez les jeunes de 17 ans, l’usage intensif du tabac (au moins 10 cigarettes par jour durant les 30 derniers jours) variait de 3,3 % à 11,0 % selon les régions (figure 4) et la moyenne nationale était de 5,2 %. La prévalence la plus faible était enregistrée en Île-de-France (3,3 %). A l’inverse, les régions Corse (11,0 %), Normandie (7,5 %), Hauts-de-France (6,7 %), Bourgogne-Franche-Comté (6,4 %) et Grand Est (6,3 %) se distinguaient par une prévalence statistiquement plus élevée par
rapport aux autres régions. La prévalence de l’usage intensif du tabac à 17 ans était significativement plus faible aux Antilles et en Guyane, tandis que La Réunion (5,0 %) affichait une prévalence similaire à celle de la France métropolitaine.
Pourcentage de gros fumeurs quotidiens à 17 ans
La quantité de tabac fumé est plus importante dans le notre région
En 2017, les fumeurs quotidiens fumaient en moyenne 15,3 cigarettes (ou équivalent) par jour, les hommes (15,5) comme les femmes (15,0).
Parmi les fumeurs quotidiens de la région Grand Est, 74,7 % fumaient de façon intensive (plus de 10 cigarettes par jour), (74,8 % des hommes et 74,5 % des femmes), proportion supérieure à celle de la France métropolitaine qui était de 66,8 %.
La cigarette électronique
Un Français sur trois a déjà expérimenté la cigarette électronique (36,0 % en 2017 pour la région Grand Est) avec un taux de 39,1 % chez les hommes et 33 % chez les femmes.
Le vapotage concerne plus les fumeurs quotidiens ou occasionnels (75,9 %) que les ex-fumeurs et décroit avec l’âge. Les utilisateurs quotidiens sont plus nombreux chez les 31-45 ans (3,0 %), suivis des 46-60 ans (2,5 %) et des 18-30 ans (2,4 %)
Il est nettement moins fréquent chez les personnes n’ayant jamais fumé de tabac que parmi les fumeurs et ex-fumeurs (7% sur l’ensemble de la France métropolitaine), et le vapotage quotidien ne concerne que 0,1 % d’entre elles.
Expérimentation et usage quotidien de la cigarette électronique
Les tentatives d’arrêt
Un majorité de fumeurs quotidiens ont envie d’arrêter de fumer. Pour le Grand Est le chiffre est de 55,3 %, dont 25,3 % avec un projet d’arrêt dans les 6 mois. Cela concerne davantage les femmes que les hommes : 60,5 % contre 50,8 % et surtout les 46-60 ans (68,4 % chez les femmes et 59,9 % chez les hommes).
Parmi les fumeurs quotidiens, 25,1 % avaient fait une tentative d’arrêt d’au moins une semaine au cours des 12 derniers mois avec un pourcentage comparable dans les deux sexes : 25,8 % parmi les hommes et 24,2 % parmi les femmes. Les 18-30 ans étaient les plus nombreux à avoir fait une tentative d’arrêt du tabagisme.
Tentatives d’arrêt dans l’année et envie d’arrêter de fumer
La France doit mieux faire
Comme le soulignent dans le BSP Grand Est le Directeur de l’Agence Régionale de Santé Grand Est, Christophe Lannelongue, et le Président de Grand Est Sans Tabac, le Pr Yves Martinet, « des pays comme le Royaume Uni et la Norvège, ont montré qu’il était possible d’éviter les maladies et les morts liées au tabac comme l’ont fait d’autres pays tels le Royaume-Uni ou la Norvège. »
« L’Agence régionale de santé (ARS) Grand Est, dans son Programme Régional de Lutte contre le Tabac (PRLT), a inscrit la lutte contre le tabagisme comme une de ses grandes priorités en retenant trois axes.
Le premier, intitulé « protéger les jeunes et éviter l’entrée dans le tabac », repose sur le développement des compétences psycho-sociales associé à des mesures de réduction de l’offre et de dénormalisation de la consommation de tabac.
Le second axe vise à aider les fumeurs à arrêter de fumer, ce qui est le souhait de deux fumeurs sur trois. Face à une des drogues les plus dures sur les marchés des produits licites et illicites, il est possible d’aider les fumeurs à franchir le pas en développant leur motivation, collectivement ou individuellement. Ceci nécessite l’implication active des différents professionnels de santé et donc une formation rigoureuse (initiale et continue) afin que la prise en charge des fumeurs devienne systématique, à chaque consultation (quel qu’en soit le motif), et à chaque hospitalisation.
Enfin, le troisième et dernier axe qui consiste à créer un environnement favorable, vise à la dénormalisation du tabac. Il convient de casser l’image encore positive de la consommation de tabac dans la société française en démontrant que le tabac n’est pas un produit banal puisque sa consommation tue ses usagers. Parallèlement, il est souhaitable d’étendre les lieux non-fumeurs, par exemple, aux universités, mairies, ARS, parcs publics (*), lieux de pratique d’activité physique…, notamment dans le cadre des contrats locaux de santé. »
(*) : Le conseil municipal de Strasbourg qui avait a voté en 2014 l’interdiction de fumer dans ses aires de jeux, l’a étendue le 24 juin 2018 à tous ses espaces verts avec mise en application dès le 1er juillet. Un exemple à suivre.
Dans le cadre de « Moi(s) sans tabac », le Club Cœur et Santé de Saint-Dié vous propose une série d’articles.
Celui de ce jour est consacré au tabac chauffé un produit lancé par une firme de cigarettes.
Les données épidémiologiques disponibles sur le sujet montrent que le tabac chauffé est plus une porte d’entrée qu’une porte de sortie du tabagisme : une étude italienne montre que 45% des consommateurs d’IQOS® sont des non-fumeurs alors que seuls 7% des utilisateurs ne fument plus de cigarettes traditionnelles. Une vaste étude japonaise rapporte que 20% des utilisateurs d’IQOS® sont des non-fumeurs alors que seuls 11% des utilisateurs ne fument plus de cigarettes traditionnelles. Le tabac chauffé apparaît ainsi, sur les rares données indépendantes disponibles, le plus souvent comme un produit d’entrée en tabagie, que comme un produit de sortie du tabac. D’ailleurs, la grande majorité des consommateurs utilise à la fois tabac traditionnel et tabac chauffé, donc sans aucune réduction des risques à attendre.
Qu’est-ce que l’IQOS?
Voici ce qu’en dit Tabastop : « ce nouveau produit imaginé par Philip Morris se présente sous la forme d’un stylo dans lequel on introduit une cigarette filtre « raccourcie » qui, en chauffant, va produire de la vapeur. Il s’agit donc d’une forme de cigarette électronique qui contient du tabac. Il n’y a pas de dégagement de fumée et donc, pas de goudron ni de monoxyde de carbone. Philip Morris fait donc croire qu’elle est « plus saine ».
Mais en ce qui concerne les autres substances cancérigènes présentes dans le tabac, on reste actuellement dans le flou total ».
De plus, « avec l’IQOS la nicotine atteint très rapidement le cerveau, ce qui rend cette cigarette donc particulièrement addictive« .
Dans le cadre de « Moi(s) sans tabac », le Club Cœur et Santé de Saint-Dié vous propose une série d’articles.
Celui de ce jour est consacré au programme national de réduction du tabagisme.
Mieux protéger les jeunes
4 mesures principales ont été mises en place pour mieux protéger les jeunes du tabagisme :
la mise en place du paquet neutre,
l’interdiction des arômes,
Les hausses de prix,
Le fait d’étendre les lieux sans tabac,
Mieux aider les fumeurs à aller vers l’arrêt du tabac
Désormais infirmiers, masseurs/kiné, chirurgien dentistes, médecins du travail, sages-femmes peuvent prescrire des substituts nicotiniques. Depuis 2007, les substituts nicotiniques sont pris en charge dans le cadre d’un forfait annuel, à hauteur de 150 € par an.
Depuis 2018, certains de ces traitements (des gommes à mâcher et des patchs ) ne sont plus pris en charge dans le forfait car ils sont désormais remboursables à 65 %, comme n’importe quel médicament. Les complémentaires santé prennent en charge le ticket modérateur de ces médicaments. Cette prise en charge permet de supprimer l’avance de frais chez le pharmacien, nécessaire dans le cadre du forfait, et d’avoir le même tarif dans toutes les pharmacies pour ces traitements.
Pour les autres produits de substitution nicotinique pas encore pris en charge par l’Assurance maladie le forfait de 150 € par année civile reste en place jusqu’à fin 2018
Par ailleurs un autre produit médicamenteux d’aide au sevrage, utilisé en deuxième intention (varénicline) est remboursé à 65% depuis avril 2017.
Le 1er janvier 2017 a été créé un fonds de lutte contre le tabac qui est déjàabondé, dès 2018, par le prélèvement d’une contribution sociale sur le chiffre d’affaires des distributeurs de tabac. Il permettra de financer des actions de lutte contre le tabac et la recherche.1
Action européenne et internationale
Un dispositif européen de traçabilité des produits du tabac sera mis en place dès 2019.1
Perspectives
Si, au travers des résultats récents d’Escapad et du Baromètre santé, de premières inflexions positives commencent à être observées, seule la poursuite de l’effort engagé permettra de changer la situation en profondeur dans notre pays. Plus que jamais, la lutte, contre le tabac reste une priorité majeure de santé publique en France. Inscrite dans la stratégie nationale de santé, la lutte contre le tabac se traduira par la publication en 2018 d’un PNRT- 2 (Programme National de Réduction du Tabagisme), qui proposera de nouvelles perspectives d’actions pour les années à venir. 1
Arrêt du tabac en lien avec le Mois sans tabac
Près d’un fumeur quotidien sur six (15,9%) a déclaré avoir fait une tentative d’arrêt au dernier trimestre 2016. Environ la moitié des individus ayant fait une tentative d’arrêt au dernier trimestre 2016 ont utilisé une aide extérieure (47,7%).1
Aides utilisées au dernier trimestre 2016
Cette proportion était plus élevée parmi ceux déclarant que leur tentative était liée à Mois sans tabac (67,1%) que chez les autres (43,3%). Les principales aides utilisées étaient la cigarette électronique (26,9%) et les substituts nicotiniques (18,3%). Environ un fumeur sur dix ayant fait une tentative d’arrêt a eu recours à un médecin ou un autre professionnel de santé (10,4%) ou a consulté le site Tabac info service (9,1%). Les autres aides utilisées concernent moins de 5% des répondants.1