Voici le deuxième article sur les journées nationales de la Fédération Française de Cardiologie avec les points forts de la première séance plénière du samedi matin sur les facteurs de risque cardiovasculaire
Le Pr Alain Furber président de la FFC (CHU d’Angers) a rappelé l’importance d’évaluer son risque cardiovasculaire afin de prendre les mesures pour le faire baisser. Il a indiqué que le surrisque chez les hommes disparaît à partir de 75 ans et insisté sur les facteurs environnementaux familiaux tels que l’alimentation et le tabagisme et l’influence du niveau socio-économique. A l’inverse il a insisté sur les facteurs protecteurs tels que la consommation de fruits et de légumes et celle d’alcool (mais, pour cette dernière, à condition qu’elle reste à un faible niveau).
Le risque individuel peut se calculer avec le Score de la Société Européenne de Cardiologie (voir détail et illustration dans notre article du 1er octobre 2022 :
A partir de ce Score, il sera possible de mettre en place des mesures de prévention, de dépistage et de fixer une stratégie et des objectifs thérapeutiques. Pour les soignants, ce score est un outil de communication et d’éducation thérapeutique auprès des patients.
Mais, tout utile qu’il soit, ce test a des limites : il ne prend pas en compte les antécédents familiaux, l’obésité, le niveau d’activité physique, l’alimentation, le stress, la pollution et, chez la femme, la contraception.
Le Dr François Paillard, vice-président de la FFC (CHU de Rennes) a rappelé que le calcul du risque par le SCORE était inutile dans certaines situations car on sait qu’il est très élevé et il y a consensus sur la prise en charge que ce soit après un accident cardiovasculaire (infarctus, AVC, artérite), en cas de diabète, d’insuffisance rénale ou d’hypercholestérolémie familiale).
Le risque évalué par SCORE est à moduler par plusieurs facteurs :
- il est diminué par le régime méditerranéen (à ce sujet il a rappelé l’intérêt du Nutriscore) et par une activité physique modérée ou importante,
- il est majoré par le stress familial ou professionnel, l’isolement social, la dépression, l’anxiété, l’irritabilité mais aussi par la pollution chimique ou sonore et par une inflammation chronique.
Le Dr Catherine Monpère, présidente de la commission Coeur de Femme (Centre de réadaptation de Bois Gibert près de Tours), a rappelé que les maladies cardiovasculaires (MCV) touchent plus les femmes que les hommes.
Une femme sur 4 en meurt (1 décès toutes les 12 minutes), soit 6 fois plus que le cancer du sein). Il y a aussi une augmentation des infarctus chez les femmes jeunes et dans 90 % des cas leur symptomatologie est la même que chez l’homme.
Mais il y a des particularités chez la femme :
Il y a d’abord la ménopause avec
- une augmentation du risque en rapport avec la perte de la protection liée aux œstrogènes, une prise de poids abdominal qui favorise l’insulinorésistance et l’intolérance au glucose avec risque de diabète,
- une augmentation de la tension artérielle,
- des perturbations lipidiques,
- une perte de la masse musculaire.
D’autre part les femmes fument davantage et, outre le risque cardiovasculaire, cette intoxication cause actuellement plus de décès par cancer du poumon que le cancer du sein.
Outre le rôle néfaste de l’association tabac + pilule, il a également été mis en évidence une majoration du risque cardiovasculaire en cas de règles précoces, de migraine, de ménopause précoce, d’accouchement avant le 37ème semaine, de prééclampsie et d’hypertension pendant la grossesse.
Il faut aussi noter des facteurs comportementaux qui font que le pronostic de l’infarctus est moins bon chez la femme que chez l’homme :
- une idée fausse selon la quelle les femmes sont moins exposées aux MCV,
- une négligence des symptômes,
- un manque de soutien de l’entourage,
- de fausses idées sur les symptômes,
- un traitement moins optimal,
- une réadaptation moins fréquente.
Enfin, l’étude E3N (financée en partie par la FFC) devrait déboucher prochainement sur un score de risque propre à la femme.
La dernière intervention de cette session a été faite par le Pr Jacques Delarue, président de la Société Française de Nutrition (CHU de Brest) et a porté sur l’obésité.
Quelques chiffres : en 2020, en se basant sur l’IMC (Indice de masse corporelle),
- 4,5 % des Français (soit 2,2 millions) sont maigres (IMC < 18,5),
- 48,2 % (24,3 millions) ont un poids normal (IMC entre18,5 et 24,9),
- 30,3 % (15,3 millions) sont en surpoids (IMC entre 25,5 et 29,9) et
- 17 % (8,6 millions) sont obèses (IMC > à ou égal à 30).
Il est acquis que :
- l’obésité est un facteur de risque cardiovasculaire,
- l’obésité abdominale est la plus à risque,
- de nouveaux médicaments qui réduisent le poids et le tour de taille font aussi baisser le risque cardiovasculaire,
- la chirurgie de l’obésité fait baisser le risque et réduit la mortalité cardiovasculaire de 50 %,
- il faut avoir une alimentation de type méditerranéen,
- il faut également promouvoir une activité physique régulière.
Photos : Camile Benzoni (FFC) et Jean-Louis Bourdon