On identifie le café à l’orient et le caractère sacré s’appuie sur sa révélation légendaire par l’archange Gabriel au Prophète pour lui restaurer avec succès ses forces diminuées, le mot K’hawah signifiant revigorant en arabe. Avicenne, cependant le mentionnait déjà au 10ème siècle sous le nom de bunc.
Entre autres mythes te récits savants, on s’accorde sur sa découverte au Yémen attribuée au chevrier d’Abyssinie Khalil qui, relevant la tonicité de ses chèvres après consommation de graines du caféier, rapporta cet effet aux moines voisins. Le prieur sut en tirer profit pour lutter contre la somnolence pendant les offices.
Parfois désigné « vin de l’Islam » par sa couleur noire profonde, le café fit la fortune de l’Éthiopie à partir de la province de Kaffa avec le développement du port de Moka d’où il partit à la conquête de l’Europe et arriva à Marseille en 1644. L’histoire du café est souvent indissociable de ses lieux de consommation. Sa première description date de 1583 de la main du célèbre botaniste et médecin allemand Léonard Rauwolf.
Au 15ème siècle dans l’empire Ottoman, se créent les cafés fréquentés par les pèlerins musulmans le proposant sous le nom de k’hawah. De la cantine exiguë où il est bu assis sur des nattes aux luxueux établissements des grandes villes ottomanes, il s’impose, en dépit d’interdictions passagères liées à la réputation douteuse des lieux ou à des querelles religieuses concernant surtout les soufis, religieux itinérants, qui en assurèrent la diffusion dans toute l’Arabie.
La dynamique cité de Venise s’impose comme le point de relais pour la diffusion du café qui bénéficie de l’avis favorable du pape Clément VIII levant les oppositions religieuses à sa consommation et la politique de monopole arabe cède rapidement face au dynamisme des marchand vénitiens. L’implantation des caféiers dans les colonies des grandes nations européennes participera à l’essor de sa diffusion.
Le café fut d’abord proposé par des crieurs de rue symbolisés le Candiot avant l’ouverture de locaux spécialisés.
En 1654, l’arménien Pascal Haroukian crée le premier café à Marseille puis ouvre en 1672 la premier café parisien à l’occasion de la foire de Saint Germain. Le succès conduit à l’ouverture d’autre établissements parisiens où l’on déguste assis sur des coussins chatoyants tout en fumant le narguilé et le tabac servi par du personnel en habits persans. Enfin, l’italien Francesco Procopio arrivé sur les pas de Catherine de Médicis et d’abord au service du précédent, fonde le très célèbre Procope en 1702 inspiré des cafés viennois. Les comédiens et les philosophes du siècle des lumières puis les révolutionnaires vont contribuer à leur succès en les choisissant comme lieux de réunions.
Le café partit à la conquête de l’Europe pour ses vertus médicinales et aussi pour son apport gustatif. Des thèses contradictoires aux prétextes mercantiles ou religieux, soutenue à Marseille et Strasbourg, le bannirent puis le réhabilitèrent au fil du temps. Il connut surtout un développement à la suite de la visite en 1669 de l’ambassadeur turc Soliman Aga Mustapha Raca dont le luxe oriental lança la mode des turqueries aussi bien dans les arts qu’en littérature (1). Le caractère amer du breuvage, vite corrigé par l’ajout de sucre, et l’ambiance exotique orientale des lieux de consommation contribuent à son succès.
La marquise de Sévigné en fait successivement la promotion puis le procès recommandant à sa fille le « lait cafeté » avant de l’estimer responsable de son amaigrissement reflétant les tocades de la cours… Balzac grand consommateur popularisera la cafetière du Belloy (**). Les cafés se multiplièrent d’abord à Paris puis dans tout le pays, diffusant parallèlement la consommation du tabac.
Comme les trois précédents consacrés aux boisons plaisir, cet article reprend un texte du Dr Jacques Gauthier, cardiologue à Cannes, paru dans le numéro de février 2020 de la revue de cardiologie Cordiam.
(*) Molière écrivit Le Bourgeois Gentilhomme à cette occasion.
(**) Jean Baptiste de Belloy, archevêque de Paris, est l’inventeur de la cafetière en 1800. Auparavant, le café était infusé.