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Les boissons plaisir : le café

Planche botanique de caféier (source : Wikipédia)

On identifie le café à l’orient et le caractère sacré s’appuie sur sa révélation légendaire par l’archange Gabriel au Prophète pour lui restaurer avec succès ses forces diminuées, le mot K’hawah signifiant revigorant en arabe. Avicenne, cependant le mentionnait déjà au 10ème siècle sous le nom de bunc.

Entre autres mythes te récits savants, on s’accorde sur sa découverte au Yémen attribuée au chevrier d’Abyssinie Khalil qui, relevant la tonicité de ses chèvres après consommation de graines du caféier, rapporta cet effet aux moines voisins. Le prieur sut en tirer profit pour lutter contre la somnolence pendant les offices.

Parfois désigné « vin de l’Islam » par sa couleur noire profonde, le café fit la fortune de l’Éthiopie à partir de la province de Kaffa avec le développement du port de Moka d’où il partit à la conquête de l’Europe et arriva à Marseille en 1644. L’histoire du café est souvent indissociable de ses lieux de consommation. Sa première description date de 1583 de la main du célèbre botaniste et médecin allemand Léonard Rauwolf.

Au 15ème siècle dans l’empire Ottoman, se créent les cafés fréquentés par les pèlerins musulmans le proposant sous le nom de k’hawah. De la cantine exiguë où il est bu assis sur des nattes aux luxueux établissements des grandes villes ottomanes, il s’impose, en dépit d’interdictions passagères liées à la réputation douteuse des lieux ou à des querelles religieuses concernant surtout les soufis, religieux itinérants, qui en assurèrent la diffusion dans toute l’Arabie.

Grains de café

La dynamique cité de Venise s’impose comme le point de relais pour la diffusion du café qui bénéficie de l’avis favorable du pape Clément VIII levant les oppositions religieuses à sa consommation et la politique de monopole arabe cède rapidement face au dynamisme des marchand vénitiens. L’implantation des caféiers dans les colonies des grandes nations européennes participera à l’essor de sa diffusion.

Le café fut d’abord proposé par des crieurs de rue symbolisés le Candiot avant l’ouverture de locaux spécialisés.

En 1654, l’arménien Pascal Haroukian crée le premier café à Marseille puis ouvre en 1672 la premier café parisien à l’occasion de la foire de Saint Germain. Le succès conduit à l’ouverture d’autre établissements parisiens où l’on déguste assis sur des coussins chatoyants tout en fumant le narguilé et le tabac servi par du personnel en habits persans. Enfin, l’italien Francesco Procopio arrivé sur les pas de Catherine de Médicis et d’abord au service du précédent, fonde le très célèbre Procope en 1702 inspiré des cafés viennois. Les comédiens et les philosophes du siècle des lumières puis les révolutionnaires vont contribuer à leur succès en les choisissant comme lieux de réunions.

Le café partit à la conquête de l’Europe pour ses vertus médicinales et aussi pour son apport gustatif. Des thèses contradictoires aux prétextes mercantiles ou religieux, soutenue à Marseille et Strasbourg, le bannirent puis le réhabilitèrent au fil du temps. Il connut surtout un développement à la suite de la visite en 1669 de l’ambassadeur turc Soliman Aga Mustapha Raca dont le luxe oriental lança la mode des turqueries  aussi bien dans les arts qu’en littérature (1). Le caractère amer du breuvage, vite corrigé par l’ajout de sucre, et l’ambiance exotique orientale des lieux de consommation contribuent à son succès.

Jean-Baptiste du Belloy, inventeur de la cafetière (source Wikipédia)

La marquise de Sévigné en fait successivement la promotion puis le procès recommandant à sa fille le « lait cafeté » avant de l’estimer responsable de son amaigrissement reflétant les tocades de la cours… Balzac grand consommateur popularisera la cafetière du Belloy (**). Les cafés se multiplièrent d’abord à Paris puis dans tout le pays, diffusant parallèlement la consommation du tabac.

Comme les trois précédents consacrés aux boisons plaisir, cet article reprend un texte du Dr Jacques Gauthier, cardiologue à Cannes, paru dans le numéro de février 2020 de la revue de cardiologie Cordiam. 

(*) Molière écrivit Le Bourgeois Gentilhomme à cette occasion.

(**) Jean Baptiste de Belloy, archevêque de Paris, est l’inventeur de la cafetière en 1800. Auparavant, le café était infusé.

L’histoire du thé, du café et du chocolat : introduction

Hernando Cortès qui a rapporté le chocolat en Europe en 1519

Cet article est le premier d’une série de 4 consacrés aux trois boissons-plaisir que sont le thé, le café et le chocolat.

Celles-ci montrent que la mondialisation, dont on déplore actuellement les effets sanitaires désastreux avec l’épidémie du Covid-19, a eu des conséquences positives pour nos papilles.

Ces quatre articles sont repris de celui qu’a écrit le Dr Jacques Gauthier, cardiologue à Cannes, dans le numéro de février 2020 de la revue de cardiologie Cordiam. Nous remercions bien vivement l’auteur et la revue pour leur autorisation à reprendre cet article.

A la suite de cet article d’introduction, seront évoquées dans les trois suivants chacune de ces trois boissons.

Qualifiées de boissons universelles par leur diffusion dans le monde entier, le thé, le café et le chocolat sont apparus à des dates sensiblement voisines en Europe mais se distinguent par leurs territoires d’origine tout en conservant en commun un lien sacré.

Leurs premières notifications, couplées à des intérêts médicinaux, sont datées selon les écrits de l’époque : chocolat (1528), thé 1606), café (1615).

C’est au XVIIe siècle à la faveur d’une volonté de modernité ou de tocades à la cour que louanges et critiques abondèrent tour à tour.

Les finances royales ne manquèrent pas de trouver des sources de revenus dans ces boissons voluptueuses initiés par des voyages de navigateurs portugais et espagnols témoignant de la mondialisation après la Renaissance.

A noter que parallèlement cheminait la consommation du tabac recommandée à la reine Catherine de Médicis (1560) par notre ambassadeurs à Lisbonne, Jean Nicot, pour soigner les migraines de  son fils.

Boissons et pathologies cardiovasculaires

Boire est-il mauvais pour la santé de votre cœur ?
La période des fêtes a été propice à une consommation de boissons diverses et variées : alcool, café, thé, eaux minérales…
Si cela est bon pour la convivialité, qu’en est-il pour notre santé?
Ces boissons ont un impact sur les maladies cardiovasculaires : infarctus, troubles du rythme cardiaque, hypertension artérielle et insuffisance cardiaque.
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Les arythmies cardiaques

D’une manière générale, leur mécanisme de survenue n’est pas toujours complètement connu, mais pour la fibrillation auriculaire on a étudié l’impact de l’alcool, du café, du thé et des boissons énergisantes.

Où trouve-t’on 10 grammes d’alcool? (source : Pr Yves Juillière)

Ainsi, la consommation de 3 verres d’alcool par jour chez les hommes et 2 verres chez les femmes augmente le risque de FA. Des épisode paroxystique ont été décrit après des consommation excessives durant les weekend ou à l’occasion des vacances (« hollidays heart syndrome » des anglo-saxons).

La consommation de caféine en quantité modérée est associée à une moindre survenue de FA, mais les symptômes de FA peuvent être plus ressentis avec la caféine.

Tasse de caféQuelques observations suggèrent que le thé (en particulier le thé vert) pourrait être bénéfique sur les arythmies auriculaires. Il a aussi des propriétés antioxydantes et anti-inflammatoires, pouvant réduire la fibrose atriale source de FA. Le thé a également un effet favorable sur les arythmies ventriculaires.

De consommation plus récente, les boissons énergisantes contiennent souvent plus de caféine que le café et augmentent donc les risque d’autant qu’il entre dans leur composition d’autres produits pro-arythmiques (guarana qui contient de la caféine et de la théophilline, ginseng, yohimbine et éphédra) et qu’il y a souvent une consommation associée d’alcool et de drogues illicites. Un effet pro-thrombotique a également été signalé.

Composition d'une boisson énergisante

Boissons énergisantes ; déconseillées chez les cardiaques

Les trois-quarts des patients ayant consommé 2 boissons énergisantes ou plus ont signalé des palpitations dans les 24 h suivantes, contre 12 % seulement des consommateurs occasionnels. On a ainsi décrit la survenue de fibrillation auriculaire, d’extrasystolie et de tachycardie ventriculaires, et même d’arrêts cardiaques par fibrillation ventriculaire.

C’est pourquoi, des sociétés savantes recommandent aux patients porteurs d’une maladie cardiovasculaire de ne pas en consommer et indiquent qu’une consommation pluriquotidienne peut être nocive, même chez les personnes en bonne santé.

L’infarctus

Des études ont montré que la consommation de boissons alcoolisées à faible dose avait un effet bénéfique sur la survenue des thrombose (effet anti-agrégant plaquettaire), mais à notre connaissance, il n’y a pas eu de comparaison avec les médicaments tels que l’aspirine ou les autres antiplaquettaires.

L’hypertension artérielle

La consommation modérée d’alcool semble avoir un effet bénéfique mais, si on augmente sa consommation, il y a un effet délétère.

Photo d'un tensiomètre

La consommation de boissons salés doit rester modérée chez les hypertendus

L’insuffisance cardiaque

Les eaux minérales salées (plus de 50 à 80 mg de sodium par litre) sont déconseillées aux insuffisants cardiaques, d’autant que la période des fêtes est l’occasion d’une alimentation plus salée (huîtres, foie gras, charcuteries, biscuits à apéritifs, plats cuisinés….).

Alcool et maladies cardio-vasculaire : l’explication du paradoxe français ?

Le paradoxe français : on a constaté qu’avec des niveaux de facteurs de risques équivalents à ceux d’autres pays les  Français font moins d’infarctus que les autres. On a avancé l’effet bénéfique du vin, en particulier du rouge, pour expliquer cette différence.

Que disent les études ?

Il y a un effet bénéfique sur le taux de bon cholestérol et sur la formation des caillots, de plus il a été noté un effet positif des polyphénols sur l’endothélium des artères (couche interne de leur paroi qui est une véritable « usine chimique » qui secrète des hormones). Rôle également favorable dans l’insuffisance cardiaque.

Globalement, amélioration de la santé cardiovasculaire et augmentation de la survie.

Mais …

… c’est seulement avec 1 à 2 verres d’alcool par jour.

L’opération Janvier « Mois sans alcool » qui était initialement prévue par Santé Publique France a été annulée sous la pression du lobby alcoolier et de l’Élysée. Cependant, les associations se sont mobilisées autour du « Défi de janvier » qui aura lieu en janvier 2020 sans aucun soutien de l’état (communiqué de la Société Française d’Alcoologie).

 

Sources : article du Pr Laurent Fauchier (cardiologue au CHU de Tours) paru dans la revue « Cardiologie Pratique » le 19 novembre 2019 et d’un diaporama du Pr Yves Juillière (CHU de Nancy) mis en ligne sur le site de la Société Française de Cardiologie en 2016.

Aucune corrélation entre la prise de caféine et les arythmies cardiaques

 

Tasse de café

Il est habituel de dire que la consommation de café entraîne des palpitations, voire des anomalies du rythme cardiaque et l’on recommande la limitation de la consommation de cette boisson chez les patients à risque d’arythmies cardiaque.

Cependant l’équipe de Priscilla Zuchinali du service de cardiologie de l’hôpital universitaire de Clínicas à Porto Alegre au Brésil a réalisé une étude qui ne montre aucune corrélation entre une prise aiguë de caféine et arythmie cardiaque, tant au repos qu’à l’effort.

Cette étude publiée dans la prestigieuse revue médicale américaine JAMA, a été réalisée chez 51 personnes insuffisantes cardiaques à haut risque d’arythmie ventriculaire (et, pour les 25 premières, porteuses d’un défibrillateur cardiaque implantable) et recevant un traitement conventionnel.

Elle a comparé chez ces volontaires les effets d’une forte dose de caféine versus un placebo (personnes ne recevant donc pas caféine) sur la survenue d’extrasystoles ventriculaires (ESV) ou supra-ventriculaires (ESSV), tant au repos qu’à l’effort.

Les personnes recevaient sur une période de 5 heures 5 tasses cafés de 100 ml avec à chaque fois prise d’une dose de 100 mg caféine (soit un total de 500 mg de caféine) ou de lactose pour le groupe placebo). Elles bénéficiaient d’une surveillance continue de leur électrocardiogramme et une heure après la dernière prise elles effectuaient un test d’effort sur tapis roulant.

Il n’a pas été constaté de différence significative entre les groupes dans la survenue d’ESV et ESSV isolées, tant au repos qu’à l’effort.

Par contre, on relève une augmentation de la pression artérielle systolique et diastolique plus marquée sous caféine.

On ne note pas davantage d’extrasystoles dans le sous-groupe avec le taux sanguin de caféine le plus élevée par rapport au sous-groupe dont le taux est le plus faible ou à celui des personnes recevant un placebo.

Les limites de cette étude

Il s’agit d’une étude après une prise « aiguë » de caféine, mais il n’y a pas eu d’étude sur les effets de la consommation chronique de caféine.

Cependant, les auteurs concluent qu’il n’y a pas de raison, au vu de la littérature et de leur étude, d’interdire une consommation modérée de café aux patients à haut risque arythmique. Et,à fortiori, il n’y pas non plus de raison de le faire pour les autres personnes.

Source : Zuchinali P et al. JAMA Intern Med 2016.
Lire aussi notre article sur le café publié le 20 juillet : https://coeuretsante.deodatie.fr/2018/07/20/alimentation-les-bienfaits-du-cafe/

Alimentation : les bienfaits du café

Photo de café en grains

Avec 8 millions de tonnes écoulées chaque année, le café s’impose comme l’une des boissons les plus consommées dans le monde. Régulièrement adoubé par la communauté scientifique pour ses vertus santé, le café reste pourtant un produit de consommation assez controversé. Est-il bon ou néfaste pour la santé ? A quelle dose ? Voici quelques éléments de réponse…

Un rôle de stimulant

C’est bien connu, le café est un stimulant : il contient de la caféine qui agit sur les neurotransmetteurs du système nerveux central. Il permet d’augmenter l’attention, la vigilance, la concentration et aide à lutter contre la somnolence et l’endormissement. De nombreuses études ont d’ailleurs démontré qu’une consommation modérée de caféine (de 1 à 8 tasses par jour) améliorait certaines fonctions cognitives comme l’apprentissage ou la mémoire.

Des effets modestes sur certaines maladies

Une étude a démontré que la capacité antioxydante du sang augmentait significativement à la suite de l’ingestion d’une seule tasse de café. C’est probablement la raison pour laquelle le café aurait un effet préventif sur certaines maladies. Il contient de nombreux composés phénoliques, dont certaines substances volatiles produites pendant la torréfaction. C’est ainsi que la plupart des études montrent que la consommation de café est associée à une diminution du risque de souffrir de la maladie de Parkinson (38 % de risque en moins pour quatre à neuf tasses de café par jour). Les antioxydants du café fournirait une protection contre le stress oxydatif, un des mécanismes impliqués dans la maladie.

Et ce n’est pas tout : la consommation régulière de café préviendrait aussi :

  • l’incidence de la goutte, la forme d’arthrite inflammatoire la plus répandue,
  • les maladies du foie (surtout la cirrhose).

2017, une étude démontre les bienfaits du café

Les chercheurs de l’hôpital de Navarra à Pampelune en Espagne ont menés une étude sur 19 896 participants âgés en moyenne de 37,7 ans. Ils ont été suivis pendant 10 ans. Au cours de l’étude, 337 participants sont décédés. Les chercheurs ont constaté que ceux qui avaient consommé au moins quatre tasses de café par jour ont eu un risque de mortalité moins élevé de 64% par rapport au groupe des non-buveurs.

« Nos résultats suggèrent que boire quatre tasses de café chaque jour peut faire partie d’une alimentation saine chez les personnes en bonne santé » précise le docteur Adela Navarro, cardiologue à l’hôpital de Navarre et auteure de l’étude.

Avec deux tasses par jour, le bénéfice était moindre puisque la réduction de mortalité était de 30 % mais surtout, elle ne concernait que ceux qui avaient plus de 44 ans.

 

Source : Fédération Française de Cardiologie (FFC)

Retrouvez la brochure de la FFC sur l’alimentation : https://www.fedecardio.org/sites/default/files/2018-Alimentation.pdf

ainsi que des recettes en vidéo : https://www.fedecardio.org/Je-m-informe/Je-mange-equilibre/idees-recettes.