Le Club Cœur et Santé publie ci-dessous un récent communiqué du Comité National Contre le Tabagisme (CNCT) qui souligne risque accru pour les fumeurs d’être infecté par la Covid-19 et de le transmettre à leur entourage.
L’épidémie actuelle due au coronavirus, conduit à des atteintes respiratoires qui peuvent être sévères voire fatales (Covid 19).Il est maintenant clairement démontré que les fumeurs présentent un risque majoré de contracter cette maladie et de développer une forme grave. Cela est dû au fait que, d’une part, fumer altère les défenses immunitaires et les capacités pulmonaires, et que, d’autre part, les fumeurs portent régulièrement leurs doigts potentiellement porteurs de virus à la bouche, porte d’entrée fréquente du virus.
De plus, les fumeurs infectés par le coronavirus sont des contaminateurs potentiellement majeurs de leur entourage par tabagisme passif, du fait de leur toux fréquente et de la présence dans la fumée de tabac de particules sur lesquelles se fixent les virus qui peuvent alors être inhalées par l’entourage. Enfin, ces particules potentiellement contagieuses se déposent sur les meubles, tapis, vêtements … et sont à l’origine du tabagisme ultra-passif, par inhalation suite à leur relargage dans l’air et par ingestion, en particulier pour les petits enfants qui se lèchent les doigts.
Concernant les vapoteurs, même si les conséquences respiratoires de cette dépendance sont moins importantes que celles liées au tabagisme, il existe des données scientifiques qui prouvent son retentissement sur la fonction respiratoire des vapoteurs. Il est trop tôt pour dire s’ils sont plus souvent atteints et/ou présentent des formes plus sévères que les non-fumeurs non-vapoteurs.
En revanche, ce qui est certain, c’est que les particules présentes dans la vapeur exhalée par les vapoteurs infectés par le coronavirus sont potentiellement porteuses du virus et peuvent être à l’origine de contaminations par vapotages passif et ultra-passif au même titre que pour le tabagisme.
Concernant à la fois le tabagisme et le vapotage passifs à l’extérieur, les nuages de fumée et de vape produits sont détectés jusqu’à 10 mètres autour de l’usager. Dès lors que ces nuages sont potentiellement contagieux, une telle distance de sécurité doit être respectée.
Dans cette perspective, le Pr Yves Martinet, président du Comité National Contre le Tabagisme lance cet appel :
« Fumeurs, vapoteurs, pour vous et votre entourage, arrêtez le plus vite possible. Sinon, ne fumez pas et ne vapotez pas au domicile. Si vous sortez, sortez seul et à distance minimale de 10 mètres de toute personne et de toute habitation.
Arrêter de fumer n’est pas facile. Pour vous faire aider, appelez Tabac-Info-Service au 3989 ou contactez votre médecin, votre pharmacien ou un addictologue ».
Beaucoup de fausses informations circulent sur Internet au sujet de la maladie Covid-19.
Il faut se fier uniquement aux sites surs (sociétés savantes médicales, OMS, sites officiels…) et recouper les informations.
La nécessité d’études fiables
L’article de ce jour vise à faire le point sur les nombreuses études encours. Des études dont les premiers résultats devraient être connus dans les semaines qui viennent.
« Primum non nocere » (d’abord ne pas nuire), un des principes de la médecine énoncé par Hippocrate (Tableau de Girodet de 1792 : Hippocrate refusant les présents d’Artaxerxès, Ecole de médecine de Paris)
« Primum non nocere », d’abord ne pas nuire (Hippocrate),
Si les études démontrent que les produits testés apportent un bénéfice thérapeutique, alors ils pourront être prescrits. Par contre s’ils n’apportent pas bénéfice, ou pire s’ils s’avèrent dangereux (s’ils entraînent des complications graves, voire des décès), alors il ne faudra plus les prescrire.
Des études randomisées sont nécessaires, car on ne peut pas s’appuyer sur des convictions pour proposer des médicaments qui ne sont pas sans risques.
A ce sujet les cardiologues rappellent volontiers l’étude CAST (Cardiac Arrythmia Suppression Trial) qui, à la fin des années 1980, visait à réduire la mortalité après un infarctus. Il avait été montré qu’elle survenait chez des patients présentant des extrasystoles ventriculaires fréquentes.
Les cardiologues avaient alors « l’intime conviction » que supprimer les extrasystoles ventriculaires avec des médicaments antiarythmiques entraînerait automatiquement une amélioration du pronostic. D’où l’idée de prescrire de tels traitements. Mais, après une période de dix mois, le comité de suivi de l’étude recommanda le 16 Avril 1989 de l’arrêter chez les patients traités par deux des produits car la mortalité y était significativement supérieure à celle du placebo.
Fort heureusement pour les patients, on a démontré depuis l’effet bénéfique des bêtabloquants après un infarctus.
L’association Ritonavir/lopinavir (Kaletra), qui est indiquée contre le VIH, est testée dans les études Dicovery et Solidarity.
Le Remdesivir, utilisé contre différents virus (Ebola, Marburg et les premiers coronavirus dont le SARS-Cov1), est testé dans les études Dicovery et Solidarity.
le Favipiravir, qui a été employé avec succès pour lutter contre Ebola, est l’objet d’une étude en Italie.
Le Kalétra qui n’a pour l’instant pas fait la preuve de son efficacité, est l’objet de plusieurs études
L’hydroxyquinidine (*)
Elle fait partie des « bras » des études Discovery et Solidarity.
Elle est l’objet de l’étude Hycovid lancée le 1er avril par le CHU d’Angers dans une trentaine d’hôpitaux dont celui de Colmar. Elle comportera 1300 patients dont la moitié recevront un placebo. Les auteurs ont indiqué que, si lors de la surveillance « on constate accidents cardiaques, on arrête l’étude« .
L’interféron bêta
Son administration vise à améliorer la réponse immunitaire des patients afin qu’ils luttent mieux contre le virus. Il est testé dans les études Dicovery et Solidarity.
Le plasma de convalescents : l’objectif est de fournir – à partir de don de plasma de personnes guéries depuis au moins 14 jours – des anticorps aux patients malades pour leur permettre de lutter contre le virus. Une étude débute ce lundi 6 avril dans les hôpitaux parisiens.
Le BCG : le vaccin antituberculeux mis au point il y a cent ans à l’institut Pasteur de Lille, favoriserait le fonctionnement du système immunitaire et une étude est en cours sur 1000 patients aux Pays-Bas.
Autres pistes de recherche
Transporteurs d’oxygène et hémoglobines artificielles,
Immunothérapie,
Thérapie cellulaire avec des cellules mésenchymateuses pulmonaires
Médicaments pour lutter contres les réactions inflammatoires.
(*) Utilisation de l’hydroxychloroquine
L’ANSM (Agence Nationale de Sécurité du Médicament et des produits de santé) a publié le 30 mars une « fiche d’information pour les patients » sur l’utilisation de ce médicament « dans le traitement de la maladie Covid-19 à l’hôpital à titre exceptionnel« . Fiche_patient plaquenil-ANSM_30_mars_2020
L’étude du Pr Raoult a été mise le ligne le 20 mars
Le débat sur l’utilisation de deux dérivés de la quinine, le sulfate de chloroquine (Nivaquine) et le sulfate d’hydroxychloroquine (Plaquenil), dans le traitement du coronavirus divise la France, ses citoyens, ses politiques et ses médecins et a même fait naître des théories complotistes.
Historique
Il s’agit de médicaments contre le paludisme. Le premier, découvert en 1934, a été mis sur le marché français en 1947 et le second en 1960. Ce dernier est également utilisé dans le traitement de la polyarthrite rhumatoïde et du lupus érythémateux.
Effets antiviraux de la chloroquine et de l’hydroxychloroquine
Les éventuels effets antiviraux de cette classe de médicaments ont été évalués depuis les années 1990 (virus du Sida, puis autres virus tels que le SARS-1 et celui d’Ebola). Ces recherches ont pu montrer des effets bénéfiques in vitro ou chez la souris, mais n’ont pas été concluants chez l’homme.
Concernant le Covid-19, des études ont été publiées début 2020 en Chine (Université de Fudan) et en France (équipe du Pr Raoult à Marseille qui utilisé l’hydroxychloroquine seule ou en association avec un antibiotique, l’azithromycine). Elles ont porté sur de petits effectifs de malades (29 dont 14 traités dans la première et 20 traités dans la seconde) et la méthodologie de ces études a été critiquée par les milieux scientifiques.
Plusieurs études sont actuellement en cours, notamment en Europe et aux Etats Unis.
Un essai clinique multicentrique randomisé « Discovery » a débuté le 22 mars. Mené auprès de plus de 3.000 patients hospitalisés avec des signes respiratoires, en particulier une pneumonie, dont 800 en France.
Coordonné par l’Inserm, il va tester l’efficacité de quatre stratégies thérapeutiques :
le remdesivir (antiviral conçu initialement pour le virus Ebola),
L’association de lopinavir et de ritonavir, antiviraux utilisés habituellement pour le VIH,
une association de ces antiviraux à l’interféron bêta,
de l’hydroxychloroquine (elle a été ajoutée à l’essai à la demande de l’OMS et de l’État français).
Pour le moment, cinq hôpitaux français sont concernés : Bichat à Paris et les CHU de Lille, Nantes, Strasbourg et Lyon. La première évaluation clinique aura lieu au 15e jour.
Le Pr Florence Adler de Lyon qui coordonne cet essai a indiqué il y a quelques jours au Quotidien du Médecin (édition du 24 mars), que « Le but est de sélectionner les meilleures molécules pour les mettre à disposition des patients le plus rapidement possible. Notre essai est en temps réel et adaptatif. Quand une molécule montrera trop peu d’efficacité, elle pourra être abandonnée et nous pourrons basculer potentiellement sur d’autres molécules candidates ».
Risques cardiologiques de la chloroquine et de l’hydroxychloroquine
ECG normal avec les intervalles PR et QT
L’utilisation de ces médicaments expose essentiellement à des troubles électro-cardiographique avec un allongement des intervalles PR, de la durée du complexe QRS et surtout de l’intervalle QT (voir illustrations ci dessus et ci dessous).
Un QT allongé expose à un risque d’arythmies cardiaques graves, voire mortelles.
Ceci se voit surtout chez les patients présentant certains facteurs de risque : sexe féminin, âge de 65 ans ou plus, maladie cardiaque (ischémie myocardique, infarctus du myocarde, insuffisance cardiaque congestive, myocardiopathie, troubles de la conduction cardiaque, antécédents d’arythmie, fréquence cardiaque inférieure à 50 par minute).
Electrocardiogrammes avec intervalle QT normal et avec QT long
Les anomalies du rythme observées sont :
des blocs auriculo-ventriculaires (troubles de la conduction de l’influx électrique entre les oreillettes et les ventricules, pouvant entraîner un ralentissement extrême de la fréquence cardiaque et des syncopes),
une fibrillation auriculaire,
des arythmies ventriculaires, dont des torsades de pointe, pouvant dégénérer en fibrillation ventriculaire (principale cause des arrêts cardiaques).
Un allongement du QT peut être favorisé par l’association avec de nombreux autres médicaments (par exemple : amiodarone, sotalol, certains antibiotiques comme l’azithromycine). De plus certaines personnes sont porteuses d’un QT long congénital.
Ces troubles du rythme ventriculaires s’observent surtout en cas d’hypokaliémie (manque de potassium) pouvant être liée à des vomissements, à une diarrhée, à la prise de réglisse ou un traitement par diurétique.
Communiqué de la Société Française de cardiologie
Publié le 24 mars, il précise qu’afin de « faire bénéficier le plus grand nombre de patients, dans les délais les plus courts » il faut « que les résultats de ces essais puissent être interprétés, car répondant à une méthodologie rigoureuse et stricte« .
Concernant l’utilisation de la chloroquine et de l’hydroxychloroquine, il indique que « la publication récente de l’équipe marseillaise ouvre une piste thérapeutique intéressante, mais les données actuelles, très préliminaires, sont difficiles à interpréter, compte-tenu de la taille de l’échantillon, et surtout de l’absence de données sur l’évolution clinique ou la mortalité, et de l’absence de confirmation indépendante des résultats observés »
De plus, il « attire l’attention de la communauté médicale, et cardiologique en particulier, sur les points suivants.
Une utilisation non conforme (hors Autorisation de Mise sur le Marché) de cette molécule n’est pas sans danger potentiel car
La chloroquine ou l’hydroxychloroquine, associée à l’azithromycine, augmente le risque d’allongement de QT et donc de torsades de pointes,
Elle risquerait d’interférer avec les essais randomisés, contrôlés, testant l’efficacité de l’hydroxychloroquine dans le COVID+ et qui devraient permettre de disposer d’une réponse rapide, basée sur des données scientifiques indiscutables ;
Elle risquerait d’entraîner une pénurie dans la disponibilité de l’hydroxychloroquine pour les patients traités au long cours dans un contexte de maladies inflammatoires sévères, et dans lesquelles cette thérapeutique est essentielle ;
Elle risquerait de susciter des espoirs encore non fondés et même un ressentiment des patients ou des familles de patients qui n’auraient pas reçu ce traitement, puisque annoncé comme efficace, alors même que nous manquons à ce jour de preuve formelle« .
En résumé
L’objectif des études actuellement en cours chez les patients présentant des signes respiratoires est de répondre aux questions que l’on se pose sur le traitement médicamenteux la chloroquine ou l’hydroxychloroquine.
La chloroquine ou l’hydroxychloroquine sont-elles utiles, c’est-à-dire efficaces vis à vis de l’infection liée au coronavirus ?
La chloroquine ou l’hydroxychloroquine sont-elles au contraire dangereuses pour les patients ? C’est-à-dire entraînent-elles des complications, voire une surmortalité dans le groupe traité par rapport au groupe placebo (celui ne reçoit pas de chloroquine ou d’hydroxychloroquine)?
Qu’en est-il des autres traitements proposés (antiviraux et l’interféron bêta)?
Des réponses devraient être apportées à ces questions dans les semaines qui viennent.
Plusieurs hospitalisations en réanimation pour des complications cardiaques graves ont été rapportées par l’Agence Régionale d’Aquitaine suite à la prise d’hydroxychloroquine. Cette dernière ne doit pas être prise hors milieu hospitalier et sans contrôles réguliers de l’électrocardiogramme.
La journaliste Héléna Carrère d’Encausse et le Pr Gérad Helft
Vous souhaitez en savoir plus sur l’hypertension dans le contexte actuel du coronavirus ?
Rendez-vous demain, vendredi 27 mars, dans l’émission de Marina Carrère d’EncausseAlloDocteurs sur France 5 à 14 h 40.
A cette occasion, le Professeur Gérard Helft, cardiologue à l’Hôpital de la Pitié Salpêtrière, ambassadeur et membre du Conseil d’Administration de la Fédération Française de Cardiologie (FFC) interviendra sur le sujet.
Vous n’êtes pas disponible à ce moment là ?
Le lien de la rediffusion de l’émission sera disponible sur la page facebook de la FFC : https://www.facebook.com/fedecardio
Le coronavirus Covid-19 inquiète légitimement l’ensemble de la population et plus particulièrement les personnes souffrant de maladies cardio-vasculaires ainsi que leurs proches. Vous retrouverez ici des réponses aux questions spécifiques aux personnes cardiaques, des informations et conseils pour aborder sereinement cette période de confinement.
Les questions spécifiques sur le covid-19 et les mesures à adopter face à la pandémie
Concernant toutes les questions relatives au virus et aux gestes à adopter, le gouvernement a mis en place une page web dédiée. Cette page apporte des informations sur les gestes barrières à adopter, la transmission du virus, les symptômes, le délai d’incubation de la maladie, le port du masque… Retrouvez la page dédiée sur le site du gouvernement : https://www.gouvernement.fr/info-coronavirus
Attention, les informations communiquées évoluent quotidiennement. N’hésitez pas à la consulter régulièrement ou à vous abonner aux notifications.
Personnes fragiles ou souffrant d’une maladie chronique, les réponses à vos questions
J’ai une maladie chronique et un traitement de fond, puis-je renouveler mon ordonnance périmée directement chez mon pharmacien ?
Oui. Afin d’éviter toute interruption de traitement préjudiciable à la santé du patient, un décret publié le 15 mars autorise les officines à accepter les ordonnances expirées en cas de maladie chronique.
Qui sont les personnes à risque ?
Les patients aux antécédents cardio-vasculaires font partie des personnes à risques (hypertension, patients ayant eu un AVC, un infarctus du myocarde, une coronaropathie, une chirurgie cardiaque).
Les patients diabétiques insulinodépendants ou présentant des complications secondaires à leur pathologie (micro ou macro angiopathie).
Comme pour beaucoup de maladies infectieuses, les personnes souffrant de maladies chroniques (hypertension, diabète), les personnes âgées (plus de 70 ans), immunodéprimées ou fragiles présentent un risque plus élevé.
Adulte ou enfant ayant une malformation cardiaque réparée, suis-je plus à risque ?
Il n’y a aucun sur-risque pour vous. Nous vous recommandons de suivre les mesures nationales appliquées à la population.
Pour les patients stables, reportez vos consultations au-delà du 1er juin, en accord avec votre spécialiste référent.
Insuffisant cardiaque et assisté de longue durée ou transplanté du cœur, comment réagir ?
Respectez les gestes barrières qui sont les mêmes pour tous, limitez vos déplacements et vos rencontres et surtout continuez votre traitement de fond.
Vous êtes stables ? Votre praticien va surement vous proposer de reporter votre rendez-vous de quelques semaine/mois ou de le faire par télécardiologie, ne vous inquiétez pas, c’est préférable pour vous.
En cas d’aggravation : les hôpitaux se sont organisés pour accueillir les soins cardiaques urgents.
Je suis traité au long cours avec de aspirine, que faire ?
Pour les patients ayant des antécédents d’infarctus du myocarde, d’angine de poitrine, d’angioplastie coronaire avec pose d’un stent, de pontage coronaire ou d’AVC et traités par aspirine à faible dose au long cours. Il faut poursuivre votre traitement par aspirine (risque de récidive d’infarctus du myocarde ou d’AVC).
Seules les fortes doses d’aspirine ont un effet anti-inflammatoire et doivent être arrêtées.
Je souffre d’apnée du sommeil ?
Nous vous invitons à lire le communiqué commun de la Société Française de Recherche et Médecine du Sommeil de la Société de Pneumologie de Langue Française et de la Fédération Française de Pneumologie : Apnées du sommeil et COVID_SFRMS_SPLF_FFP (6)