Cœur et Diabète : pour une meilleure prévention

Photo du public

Près de cinquante personnes ont assisté à la conférence du Dr Jean-Marc Dollet, diabétologue au Centre hospitalier de Saint-Dié, consacrée à « Cœur et Diabète » le mardi 26 septembre 2017 dans l’amphithéâtre du lycée Jules Ferry à l’occasion de la Semaine nationale du Cœur de la Fédération Française de Cardiologie.

Lors de cette soirée, il a été question de la forme la plus fréquente de diabète, celle de type 2 liée à une résistance de l’organisme à l’insuline qui va conduire à plus ou moins long terme à l’épuisement progressif du pancréas. Sa prise en charge est totalement différente de celle de type 1 dans laquelle, pour des raisons encore inconnues, le pancréas cesse brutalement de secréter de l’insuline.

La spécificité des atteintes cardiovasculaire chez les diabétiques

Rappelant la fréquence des maladies cardiovasculaires, première cause de mortalité en France, le conférencier a insisté sur la prévalence du diabète parmi les cardiaques :  on compte actuellement plus de 20 % de diabétiques parmi les personnes atteintes d’une maladie des coronaires et cette proportion passera à 30% dans les années 2020.

Or le diabète est une maladie responsable de spécificités dans les maladies cardio-vasculaires : les artères deviennent moins « souples » et ont une modification de leur capacité à se dilater. Les dépôts de cholestérol s’y font plus facilement et l’atteinte coronaire y est plus précoce et plus diffuse que chez les non-diabétiques.

Coronarographie chez un non diabétique et chez un diabétique

Coronarographie : à gauche, lésion isolée sur la coronaire droite (CD) chez un non-diabétique et, à droite, lésions multiples sur les coronaires droite et gauche chez un diabétique

Dans la maladie coronaire, les symptômes sont moins typiques chez les diabétiques (moins de douleurs thoraciques), ce qui retarde le diagnostic et la prise en charge et par voie de conséquence le pronostic.

Ainsi, les techniques de revascularisation feront appel aux pontages plutôt qu’aux angioplasties et en cas d’infarctus un équilibre très strict du diabète avec mise sous insuline seront nécessaires.

Par ailleurs, le diabète potentialise l’effet délétère de l’hypertension artérielle sur les organes (cœur, reins, cerveau, artères).

De même, chez le diabétique l’effet protecteur des statines, médicaments hypocholestérolémiants, est majeur avec une réduction importante du risque d’événements coronaires graves : ainsi dans l’étude 4S, leur incidence à 5 ans est de 23% dans le groupe des patients recevant une statine, contre 45% dans le groupe n’en recevant pas, soit une réduction de moitié.

Il faut prévenir ou diagnostiquer plus tôt le diabète de type 2.

Cela repose sur le dépistage et la prise en charge de ce que l’on appelle le syndrome métabolique.

Mais, qu’est-ce que le syndrome métabolique ? Son diagnostic repose sur 5 critères simples et faciles à diagnostiquer :

  • une obésité abdominale : elle se diagnostique avec avec un mètre de couturière : le tour de taille doit être inférieur à 88 cm chez la femme et 102 chez l’homme;
  • des triglycérides supérieurs à la norme (> 1,50 g/l);
  • un HDL cholestérol (« bon cholestérol ») bas : < 0,40 g/l chez l’homme et < 0,50 g/l chez la femme;
  • une glycémie (taux de sucre) > 1,10 g/l (alors que l’on ne parle actuellement de diabète qu’au dessus de 1,26 g/l);
  • une pression artérielle > 135/85.

Alors que ces 5 critères pris isolément peuvent paraître anodins, la présence de 3 d’entre eux chez une même personne suffit à poser le diagnostic de syndrome métabolique et justifie une prise en charge. En effet l’existence d’un syndrome métabolique chez une personne indique un risque important de survenue d’un problème cardio-vasculaire ou d’un diabète.

Et dans l’étude européenne Interheart, l’obésité abdominale apparaît comme le facteur de risque modifiable le plus important de survenue d’un infarctus, alors qu’à l’inverse, la pratique d’une activité physique est le facteur protecteur le plus important.

Le tableau de l'étude Interheart

L’étude Interheart : en rouge les facteurs aggravants (l’obésité abdominale est le plus important) et en vert les facteurs protecteurs (l’activité physique est le plus important)

Le rôle du tissus adipeux intra-abdominal

Dans l’augmentation du tour de taille, c’est la graisse intra-abdominale (tissu adipeux viscéral) qui est délétère et non pas la graisse sous cutanée. On commence seulement à découvrir l’importance de ce tissu adipeux qui, à côté de son rôle de « stockage », constitue un véritable système hormonal avec des effets délétères liés la sécrétion d’acides gras libres et de substances favorisant l’inflammation et la formation de caillots qui jouent un rôle dans la survenue des maladies cardiovasculaires ainsi que dans la résistance à l’insuline à l’origine du diabète de type 2.

Tableau sur le rôle néfaste du tissu adipeux intra abdominal

L’impact du tissu adipeux sur les maladies cardiovasculaires et le diabète

En pratique, que faire ? 
  • évaluer l’excès de tissu adipeux viscéral (mesure du périmètre abdominal),
  • rechercher d’autres facteurs de risque cardiovasculaire et d’autres maladies,
  • en évaluer la sévérité pour déterminer des priorités de prise en charge,
  • évaluer les causes potentielles de surcharge pondérale,
  • évaluer la motivation de la personne.

Selon le degré de motivation, on recherchera

  • une stabilisation du poids associée au contrôle des autres facteurs de risque
  • ou une réduction du poids d’environ 10% associée au contrôle des autres facteurs de risque et à un programme d’activité physique modérément intense pendant 30 à 45 minutes tous les jours (ou au moins 3 à 5 fois par semaine).
Le SSR Nutrition du Centre Hospitalier de Saint-Dié

Pour apprendre aux personnes à maigrir et à reprendre une activité physique régulière, la prise en charge peut être initiée dans le SSR-Nutrition du Centre Hospitalier de Saint-Dié qui a été créé il y a 4 ans. Ce service accueille des personnes adultes dans les situations suivantes :

  • IMC ≥ 35 (sans limite sauf autonomie)
  • IMC = 30-35 si complications ou diabète
  • Diabétique pour éviter (ou retarder) l’insulinothérapie
  • Cure « starter » ou après stabilisation
  • Cure avant chirurgie (orthopédie, CV…)
  • Cure avant chirurgie bariatrique : en réflexion.
En conclusion
  • Très fort lien entre diabète et maladies coronaires, diabète et hypertension artérielle
  • Nécessité d’une prise en charge « maximale » de tous les facteurs de risque associés : syndrome métabolique
  • Décisions diagnostiques et orientations thérapeutiques particulières
  • Prévenir l’apparition du diabète ou en faire le diagnostic précocement pour le traiter plus facilement.
Dépistage du Diabète par le Dr Dollet - Parcours du Cœur 2016

Dépistage du Diabète par le Dr Dollet – Parcours du Cœur 2016

 

Le prochain rendez-vous du Club Cœur et Santé avec le public aura lieu le jeudi 23 novembre 2017 avec la formation gratuite aux gestes qui sauvent (sur inscription, voir ci-dessous). En octobre, deux formations sont organisées avec les communes d’Entre-deux-Eaux (mardi 10) et Saint-Michel-sur -Meurthe (mercredi 11). Informations complémentaires dans la rubrique « Événements » ci contre à droite.

Formation aux gestes qui sauvent le jeudi 23 novembre

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