Le chocolat symbolise parfaitement les Amériques ; Christophe Colomb, le premier à le mentionner en dédaigna les qualités et les vertus, en déchargea ses cales dès son éloignement du rivage de l’Amérique.
A Hernan Cortès revint le mérite de faire connaître en Europe cette boisson offerte (1519) en signe d’amitié par l’empereur Moctezuma pour l’accueillir en tant que Quetzalcóatl, réincarnation d‘un dieu tutélaire, jardinier du paradis en soin de l’arbre : le cacahuaquchtl.
La consommation du cacao est avérée dès 2600 ans avant J.-C. par les Olmèques ; les fèves étaient utilisées comme monnaie d’échange depuis plus de 1000 ans avant J.-C. L’histoire est bien sûr sacrée et dans la légende maya, la découverte en est attribuée aux Dieux ; la calebasse illustre la tête pendue à un arbre du héros Hunaphu décapité, tête qui aurait fécondé une jeune fille de Xibalba. Depuis le chocolat est indissociable du rituel du mariage et source de fécondité chez les Mayas. Le mot chocolat signe son origine maya (chocó : bruit, et alt : eau – bruit du fouet utilisé pour faire mousser le cacao).
Chez les Aztèques (1300 ans avant J.-C), cultivateurs de cacaoyers, le xocoalt était consommé pour combattre la fatigue, assurer la fertilité, doper les guerriers et accompagner les morts.
Trop amer pour séduire d’emblée les conquistadors, les présumées vertus stimulantes évoquées eurent cependant raison de leurs réticences ; malheureusement cette boisson à caractère sacré s’avéra inefficace pour protéger les peuples décimés en quelques générations par les guerres et surtout les épidémies concomitantes de la conquête. Les sœurs missionnaires espagnoles le rendirent populaire en combattant son amertume par le sure et la vanille.
Charles Quint, très amateur, en assura le succès en Espagne (1528) et dans les colonies espagnoles en particulier du nord de l’Europe. C’est le mariage de de Bayonne entre Louis XIII et l’infante espagnole Anne d’Autriche qui contribua à sa notoriété en France avant d’être confirmé à la cours de Louis XIV dont l’épouse Marie-Thérèse était friande. Madame de Maintenon converti le roi au chocolat.
L’Église se soucia de cette nouvelle boisson voluptueuse et le cardinal de Brancaccio, en déclarant que sa consommation ne rompait pas le carême, lui octroya de nombreux adeptes.
Longtemps réservé à l’aristocratie et aux adultes, en raison du caractère aphrodisiaque qui lui était attribué, le chocolat se démocratisa avec l’industrialisation à laquelle s’attachent les noms de Van Houten dès 1826 et de Poulain à Blois en 1848.
Merci au Dr Jacques Gauthier, cardiologue à Cannes, qui nous a autorisé à reprendre ce texte paru dans le numéro de février 2020 de la revue de cardiologie Cordiam.
Pour d’autres informations, nous vous renvoyons à l’article sur le chocolat publié sur notre site en 2018 : https://coeuretsante.deodatie.fr/2018/06/29/alimentation-le-chocolat-noir-cest-bon-pour-le-coeur/