Traitement de la Covid-19 : où en est-t’on?

Photo en microscopie électronique de coronavirus

Quoi de neuf depuis la semaine dernière ?

Les données épidémiologiques

Pour notre région et pour la Déodatie il y a une diminution nette du nombre de personnes hospitalisées tant en soins continus et réanimation, que dans les secteurs conventionnels et en SSR (Soins de Suites et de Réadapatation).

Ainsi, pour le Centre Hospitalier de Saint-Dié, d’après les informations publiées régulièrement depuis le 23 mars on constate qu’un maximum été atteint le 31 mars avec 85 patients hospitalisés : 60 en secteur Covid, 8 en soins continus et 17 en SSR Covid avec 54 passages au PMA (Poste Médical Avancé) lors des dernières 24 heures. Les donnée publiées ce jour font état de 44 personnes hospitalisées et de 17 passages au PMA. Il faut signaler qu’il y a aussi un secteur de SSR Covid à Senones et Gérardmer.

Mais, même si l’on doit s’en réjouir, il faut rester très vigilants et ne pas relâcher les mesures de confinement et les gestes barrière sous peine de voir une nouvelle flambée de la maladie car très peu de personnes sont immunisées et la propagation du virus se fera très facilement.

Et il faut rappeler que les personnes âgées sont les premières victimes des formes graves. Ainsi à Saint-Dié, à la date du 10 avril, sur 384 personnes contaminées passées au PMA, 181 avaient 70 ans et plus (soit 47 %), mais cette tranche d’âge représentait près des 3/4 des patients hospitalisés (143 sur 199 soit 72 %).

Les essais thérapeutiques se poursuivent

Le Pr Florence Adler du CHU de Lyon qui coordonne l’étude Discovery a fait le point sur la situation dans une vidéo mise en ligne le 7 avril sur le site de l‘INSERM. Elle présente les différentes réactions de notre corps face au virus – avec une très grande majorité de guérisons sans traitement (environ 85%) ; elle décrit les modalités de mise en œuvre de l’étude… la vidéo est à retrouver avec le lien suivant : https://www.inserm.fr/actualites-et-evenements/actualites/covid-19-essai-discovery-premier-point-etape-7-avril-2020

Pr Florence Adler de Lyon coordonne l’étude Discovery (Photo : capture d’écran, site de l’INSERM)

Le Pr Didier Raoult a mis en ligne, vendredi 10 avril 2020, un résumé de la nouvelle étude qu’il a réalisée chez un millier de personnes avec le traitement associant l’hydroxychloroquine et l’azithromycine (antibiotique) dispensé à des personnes testées positives au Covid mais avec des symptômes souvent modérés. Comme précédemment, il n’y a pas eu de groupe témoin, ce qui suscite les critiques.

Vendredi 10 avril, l’Agence du médicament a rapporté 53 effets indésirables cardiaques dont 43 liés à l’hydroxychloroquineavec quatre cas de mort subite inexpliquée et trois arrêts cardiaques qui ont bénéficié d’un choc électrique. Le lopinavir, un anti-HIV également testé dans le cadre de l’essai Discovery est responsable de dix effets secondaires cardiaques, mais pas moins graves. Les effets indésirables non cardiaques, une cinquantaine, sont moins délétères : essentiellement des atteintes du foie et des reins liés au Kaletra (qui contient le Lopinavir).

L’Agence du médicament estime que les effets secondaires relevés confirment que l’hydroxychloroquine et le Kaletra ne doivent être prescrits qu’à l’hôpital, et pas en ville. Et on peut rajouter, encore moins en auto-médication.

Sanofi, fabricant français du Plaquenil a indiqué que « les preuves cliniques de son efficacité étaient encore insuffisantes ».

Des équipes suédoises ont renoncé à prescrire l’hydroxyquinidine devant des effets secondaires neurologiques et ophtalmologiques

Un essai brésilien a été arrêté en raison de l’apparition de graves effets indésirables (essentiellement cardiaques) aux doses préconisées. Les responsables de l’étude indiquent qu’aucune diminution de la charge virale n’avait été observée chez les patients traités.

Comme l’indique le Pr Emile Ferrari du CHU de Nice : « Certes le Covid-19 tue, mais il ne faudrait pas, chez des patients, dont l’évolution spontanée est favorable et en particulier chez des patients ambulatoires, que le remède soit plus néfaste que la maladie elle-même. ».

Il faut maintenir les gestes barrière

Les réflexes à adopter

Déconfinement ?

Le 12 avril, soit la veille de l’intervention du président de la République, des chercheurs de l’INSERM ont publié une étude sur le déconfinement. Ils indiquent, sur la base des données recueillies en Île de France, que « la population infectée par le Covid-19, au 5 avril, devrait se situer entre 1% et 6% », alors que l’immunité de groupe requière au moins 60% de la population.

La levée du confinement devra se faire par étapes et pour ce faire il faudra tester massivement la population pour isoler les personnes malades.

Une  » fin du confinement sans stratégie de sortie conduirait à une deuxième vague submergeant largement le système de santé ».

« La recherche approfondie de cas et l’isolement permettraient de libérer partiellement la pression socio-économique causée par les mesures de confinement, tout en évitant de dépasser la capacité des services de santé ».

L’étude précise également que le nombre de personnes contaminées par un malade est passé de 3 à 0,68 grâce à la réduction des contacts due au confinement (un sujets infectés transmet le virus à moins d’une personnes au lieu de 3 précédemment).

Si 75% des cas sont placés en isolement, cela permettrait notamment d’assouplir les mesures de distanciation sociale. Ces conditions permettraient également d’envisager un retour au travail d’un plus grand nombre de salariés et la reprise progressive des activités non essentielles.

Les auteur préconisent que lors de cette phase de déconfinement progressive, qui devrait avoir lieu courant mai ou en juin, les écoles devraient dans un premier temps rester fermées et les personnes âgées confinées à leur domicile.

Si le confinement est levé début mai, cela réduirait de plus de 80% le nombre de cas lors du pic épidémique et retarderait la seconde vague d’un mois et demi à trois mois. Cependant, les capacités d’accueil en unité de soins de la région parisienne seraient alors débordées.

Comme l’explique Vittoria Colizza, l’une des responsables de l’étude, le fait d’attendre encore avant de lever le confinement, «a l’avantage de garder un nombre de cas abaissé et allège la charge pour le système hospitalier», et doit permettre «une préparation logistique indispensable en termes humains et organisationnels».

Cette article a été publié en anglais mais accompagné d’un commentaire en français : Covid-19. Que faut-il retenir du rapport Inserm sur le déconfinement

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Club Cœur et Santé de Saint-Dié