La Journée mondiale de l’arrêt cardiaque est l’occasion de rappeler les chiffres concernant cet événement qui est responsable chaque année de plusieurs dizaines de milliers de morts en France, alors que les solutions existent et ont été mises en place dans d’autres pays.
Arrêt cardiaque, les données en France
Il y a 40 000 à 50 000 cas par an en France.
Il s’agit d’un événement gravissime puisque la survie n’est que de 5 à 6% entraînant 4 à 5 fois plus de décès en France que dans les pays bien équipés en défibrillateurs automatiques externes (DAE) et où la majorité de la population a été formée aux gestes qui sauvent (GQS).
L’arrêt cardiaque tue 15 fois plus que les accidents de la route et 3 à 4 fois plus que le cancer du sein.
Les trois-quarts surviennent à domicile.
Seulement un français sur deux a été formé soit avec une formation courte de 2 h soit pour obtenir le diplôme des Premiers Secours Civiques de niveau 1 – PSC1 d’une durée de 7 à 8 heures. Mais l’on sait que pour maintenir ses connaissances il faut renouveler les formations.
Le taux de survie est plus élevé si les GQS sont effectués par le premier témoin par rapport à une réanimation plus tardive par les professionnels de l’urgence.
Les données du Registre électronique des Arrêts Cardiaques publiées en 2022 (RéAC) :
- 58,5 % des arrêts surviennent devant un témoin.
- Dans 53,4 % les GQS sont réalisés par le témoin.
- Un DAE est utilisé dans 11 % des cas.
- 17,9 % des personnes arrivent « en vie » à l’hôpital (16,1 % avec un rythme cardiaque spontané et 1,8% sous massage cardiaque).
- 5,4% sont encore en vie à 30 jours.
- Le pronostic est meilleur si le témoin réalise un massage cardiaque seul plutôt qu’un massage associé au bouche à bouche.
Qu’en pensent les Français ?
Enquête IPSOS pour la Fédération Française de Cardiologie (FFC)
- La fréquence de l’arrêt cardiaque est largement sous-estimée du public puisque elle est évaluée à moins de 10 000 par an par 72% des Français.
- 40% pensent même qu’elle est inférieure à 1 000 selon.
Dans une enquête IFOP pour la FFC de 2021
- 46 % déclarent avoir reçu une formation sur l’arrêt cardiaque.
- 75% commettent au moins une erreur dans les gestes à pratiquer.
- 19% déclarent connaître précisément les GQS.
- 30 % font le massage en 3ème temps.
- 78 % pensent qu’utiliser un DAE peut être dangereux pour la victime.
- 44% disent qu’il faut une formation pour utiliser un DAE.
- 60% craignent de ne pas bien faire les GQS.
- 50 % craignent de blesser la victime lors des GQS.
- 30% ont peur d’engager leur responsabilité.
Données dans d’autres pays
Au Danemark et en Suède où les DAE « font partie du paysage » il y a 40% de survie.
A Seattle, la ville américaine qui a formé 80 % de sa population aux GQS ce taux est de 60% tout comme dans les grands aéroports, dont Charles de Gaulle.
Le taux maximal (70 %) est observé dans les casinos de Las Vegas.
On sait que les deux facteurs essentiels d’une bonne survie sont la formation du public aux GQS et l’installation de DAE. Ainsi, le taux de survie monte à 33% si le massage cardiaque et l’utilisation d’un DAE ont lieu dans les premières minutes.
Une étude sur les arrêts en milieu sportif retrouve même des taux de survie plus importants. Elle a mesuré l’évolution chez les sportifs en comparant les données des années 2017-2018 à celles de 2005-2006, soit avant la parution du décret du 4 mai 2007 autorisant toute personne à utiliser une DAE :
- les GQS par les témoins sont 2,7 fois plus nombreux (94,7 % des cas contre 34,9 %),
- il y a 18 fois plus d’utilisation d’un DAE (28,8 % contre 1,6 %),
- la survie à la sortie de l’hôpital est multipliée par 2,8 (66,7 % contre 23,8 %).
Etat des DAE en France
Il y a 500 000 DAE, hors établissements de soins et services de secours, mais seule une partie est accessible au public 24 h/24 et en 2021 20 à 30 % n’étaient pas opérationnels en particulier du fait d’une batterie épuisée ou d’électrodes périmées.
Cependant la loi a instauré une obligation de maintenance.
Pour ce qui le concerne, le projet Défidéo, lancé en 2007 par le club Cœur et Santé de Saint-Dié et porté depuis 2018 par le Pays de la Déodatie, a permis l’implantation de 143 DAE entre 2010 et 2023. Mais toutes les communes ne sont pas encore équipées, ou le sont de manière insuffisante.
Importante évolution de la législation depuis 2018
Le premier texte qui a modifié significativement le pronostic de l’arrêt cardiaque est le décret n° 2007-705 du 4 mai 2007 relatif à l’utilisation des DAE par des personnes non médecins.
Et depuis 2018 une série de textes a été promulguée :
- Loi n° 2018-527 du 28 juin 2018 relative au défibrillateur cardiaque avec ses deux décrets d’applications :
- Décret n° 2018-1186 du 19 décembre 2018 (publié le 21) relatif aux défibrillateurs automatisés externes obligatoire dans différents ERP.
- Décret n° 2018-1259 du 27 décembre 2018 relatif à la base de données nationale des DAE.
- L’année 2019 a vu la publication de trois textes :
- Arrêté du 29 octobre 2019 relatif aux DAE et à leurs modalités de signalisation dans les lieux publics et les établissements recevant du public.
- Arrêté du 29 octobre 2019 relatif au fonctionnement de la base de données nationale relative aux DAE.
- Note d’information de la DGS du 12 décembre 2019 relative aux défibrillateurs automatisés externes.
- Enfin, en 2020 a été votée la loi du 3 juillet 2020 sur le statut de citoyen sauveteur, la lutte contre l’arrêt cardiaque et les gestes qui sauvent.
Conséquences de ces textes pour les collectivités et les établissements recevant du public
- La majorité des établissements recevant du public (ERP) doivent être équipés d’un DAE.
- Il y a une obligation de surveillance et maintenance régulières des DAE.
- Déclaration obligatoire des DAE.
- Il doivent être visibles du public et en permanence d’accès facile.
- Il faut les installer de préférence en extérieur pour qu’ils soient accessibles de tous même pendant les heures de fermeture.
- Mur extérieur d’un bâtiment facilement identifiable et connu des citoyens (mairie, etc.).
- Boitier pour le protéger des intempéries et assurer le maintien de son fonctionnement en cas de températures négatives (jusque moins 20°C).
- Signalisation des DAE installés dans les lieux publics, visible à chaque entrée des ERP.
- Indiquer l’emplacement et le chemin d’accès au DAE à l’aide des affiches installées de façon visible et en nombre suffisant pour faciliter l’accès au DAE.
- Apposer sur le boîtier ou à proximité immédiate de l’appareil une étiquette visible et lisible de l’extérieur du boîtier de manière constante donnat ds informations sur l’appareil avec une mise à jour dès que necessaire.
- Emplacement facilement accessible et permettant son utilisation permanente par toute personne présente dans l’enceinte de l’établissement.
- Si DAE installé à l’extérieur de l’établissement, boitier assurant sa protection contre les intempéries et son maintien dans les conditions de température requises par son fabricant.
La stratégie d’implantation des DAE doit répondre à 3 logiques :
- La logique du nombre : installer des DAE aux endroits les plus fréquentés.
- La logique de délai d’intervention des secours d’urgence : installer des DAE dans les lieux où le temps d’intervention des secours est supposé long.
- La logique d’accessibilité : installer les DAE dans les lieux accessibles en permanence en extérieur.
La législation concerne les établissements recevant du public (ERP) avec une incitation à une installation en extérieur ce qui permet une accessibilité 24 h sur 24.
Conséquence pour les premiers témoins
La loi du 3 juillet 2020 sur le statut de citoyen sauveteur, la lutte contre l’arrêt cardiaque et les GQS vise notamment à
- exonérer les citoyens sauveteurs « de toute responsabilité civile en cas de préjudice lié à leur intervention sauf en cas de faute lourde ou intentionnelle de leur part» cette mesure, demandée par la FFC depuis 2010, devrait lever les réticences de certains témoins à agir face à une personne victime d’un arrêt cardiaque;
- à renforcer la formation aux GQS auprès des élèves, des salariés, des arbitres et juges sportifs et du grand public (Articles 2 à 5);
- à évaluer la prise en charge des arrêts cardiaques extrahospitaliers (article 9).
Rôle du premier témoin
- Il doit agir immédiatement face à un arrêt cardiaque et pratiquer les GQS.
- Il faut le sensibiliser à la gravité du problème, l’informer et le former aux GQS.
- Il doit renouveler sa formation.
- Les communes devraient organiser régulièrement des formations courtes (2h) en partenariat avec les acteurs locaux du secourisme.
- Tous les collégiens sont maintenant formés au PSC1
DAE inaccessible, ignoré du public ou défectueux et/ou public non formé
= investissement inutile
Pour en savoir plus :
- N° 7 de l’Observatoire du cœur des Français édité en novembre 2021 par la FFC : https://www.fedecardio.org/publications/categorie-publications/observatoires-du-coeur/
- Brochure de la FFC sur l’arrêt cardiaque :