Étiquette - Région Grand Est

Les maladies liées au tabac dans la région Grand Est

Schéma des pathologies cardiorespiratoires liées au tabac

Pathologies cardiorespiratoires liées au tabac

Dans un précédent article nous avons présenté les chiffres du tabagisme publiés récemment dans le Bulletin de Santé Publique (BSP) du Grand Est : https://coeuretsante.deodatie.fr/2019/02/09/le-tabagisme-dans-la-region-grand-est-donnees-globales/

Le BSP confirme qu’en raison « d’habitudes tabagiques fréquentes, le Grand Est présente une incidence et une mortalité élevées pour les trois pathologies les plus associées au tabac » : cancer du poumon, bronchopneumopathie chronique obstructive (BPCO) et cardiopathies ischémiques (infarctus).

Au sein de la région Grand Est, il existe de fortes disparités entre les départements : la Moselle, la Meurthe-et-Moselle et les Ardennes présentent les situations les plus préoccupantes. Les Vosges se situent dans la deuxième moitié du tableau, parmi les départements les moins touchés.

Le cancer du poumon a une incidence et une mortalité élevées dans le Grand Est

Incidence du cancer du poumon

C’est le cancer le plus fréquent dans le monde et la consommation de tabac en est le principal facteur de risque. Il est trois fois plus fréquent chez les hommes que chez les femmes avec taux d’incidence annuelle brute 93,2 pour 100 000 personnes-années contre 33,7 chez les femmes. Après standardisation sur la population mondiale, il est de 17,9 pour 100 000 personnes-années pour les femmes et 51,8 pour les hommes.

Selon ce critère, chez les femmes et avec une incidence de 18,8 pour 100 000 personnes-années, le Grand Est derrière la Corse (26,0), l’Occitanie (19,9) et l’Île-de-France (19,4). Chez les hommes, le Grand Est (57,7) est deuxième derrière les Hauts-de-France (63,3).

Carte des taux régionaux d’incidence du cancer du poumon selon le sexe en 2007-2016

Taux régionaux d’incidence du cancer du poumon selon le sexe en 2007-2016

Au sein de la région Grand Est, les Vosges font partie des départements les moins touchés, mais se situent cependant au dessus de la moyenne nationale, seuls les départements alsaciens ayant des taux inférieurs à cette moyenne.

Tableaux des Taux départementaux d’incidence du cancer du poumon selon le sexe en 2007-2016 dans le Grand Est

Taux départementaux d’incidence du cancer du poumon selon le sexe en 2007-2016 dans le Grand Est.

Mortalité par cancer du poumon

En ce qui concerne la mortalité par cancer du poumon le Grand Est est la deuxième région pour les femmes (derrière la Corse) comme pour les hommes (derrière les Hauts-de-France).

Carte des taux régionaux de mortalité par cancer du poumon selon le sexe en 2007-2014

Taux régionaux de mortalité par cancer du poumon selon le sexe en 2007-2014

Cependant, au niveau de notre région les Vosges font partie des départements les moins touchés (pour les femmes, sixième « place » dans l’ordre décroissant et pour les hommes  huitième place).

Tableaux des taux départementaux de mortalité par cancer du poumon selon le sexe en 2007-2014

Taux départementaux de mortalité par cancer du poumon selon le sexe en 2007-2014

La broncho-pneumopathie chronique obstructive (BPCO) est source d’hospitalisations nombreuses et d’une mortalité importante

C’est une maladie respiratoire chronique, attribuable au tabagisme dans plus de 80 % des cas et qui reste sous-diagnostiquée et méconnue dans la population française.

Les hospitalisations pour exacerbations de BPCO 

Les exacerbations de BPCO sont un facteur de mauvais pronostic sur l’évolution de la maladie. Les plus  sévères nécessitent une hospitalisation. Une partie de ces hospitalisations pourraient être évitées grâce à une prise en charge optimale dès le début des signes d’aggravation.

En 2015, tous sexes confondus, le taux d’hospitalisation est  de 22,1 hospitalisations pour 10 000 habitants âgés de 25 ans ou plus. Le Grand Est (28,3) se situe derrière les Hauts-de-France (31,7) et La Réunion (29,7).

Carte des taux régionaux d'hospitalisation pour exacerbation de BPCO en 2015

Taux régionaux d’hospitalisation pour exacerbation de BPCO en 2015

La mortalité par BPCO

La BPCO est globalement sous-diagnostiquée et sous-déclarée sur les certificats de décès.
En 2013-2014, tous sexes confondus, le taux annuel de mortalité par BPCO s’élevait pour la France à 29,0 décès pour 100 000 habitants âgés de 45 ans ou plus : 46,6 à La Réunion, 37,7 dans les Hauts-de-France et 36,7 dans le Grand Est.

Carte des Taux régionaux de mortalité par BPCO en 2013-2014

Taux régionaux de mortalité par BPCO en 2013-2014

La mortalité liée aux principales pathologies associées au tabagisme est très importante dans le Grand Est

L’estimation peut se faire à partir du nombre des décès pour les principales pathologies pour lesquelles le tabac est un facteur de risque important, même si d’autres facteurs peuvent intervenir.

Entre 2013 et 2015, le taux de mortalité par cancer du poumon, cardiopathie ischémique (dont l’infarctus) et BPCO s’élevait pour la France à 124,0 pour 100 000 habitants. Il était 3 fois plus élevé chez les hommes que chez les femmes (200,5 pour 100 000 habitants contre 69,3).

Chez les femmes, le taux standardisé de mortalité variait de 33,2 pour 100 00 habitants à la Martinique à 81,0 dans le Grand Est.

Chez les hommes, le taux standardisé de mortalité était de 237,2 dans le Grand Est, deuxième région la plus touchée derrière les Hauts-de-France (253,5).

Au sein de la région Grand Est, le département des Vosges a un taux qui se situe à 79,6 pour les femmes et à 231,5 pour les hommes.

Tableaux des taux départementaux de mortalité par cancer du poumon, BPCO et cardiopathie ischémique

Taux départementaux de mortalité par cancer du poumon, BPCO et cardiopathie ischémique

Source : tous les tableaux et cartes de cet article sont issus du Bulletin de Santé Publique du Grand Est paru fin janvier 2019.

Le tabagisme dans la Région Grand Est : données globales

La cigarette, ça brise le cœur : un message de Santé Canada avec un cœur victime d'un infarctus

La cigarette, ça brise le cœur ! Un message de Santé Canada

Les dernières données du tabagisme des 18 à 75 ans, datant de 2017, ont publiées le 29 janvier 2019 dans le Bulletin de Santé Public Grand Est (BSP). Elles montrent que la population de notre région figure parmi celles où l’on fume le plus.

On trouve aussi dans le BSP des informations sur les jeunes de 17 ans et les femmes enceintes ainsi que des statistiques sur les principales maladies liées au tabac : cancer du poumon, bronchite chronique et maladies cardiovasculaires.

Dans ce premier article nous présentons les données globales sur le tabagisme.

La région Grand est l’une de celles ont l’on fume le plus

En 2017, notre région comptait 1,2 millions de fumeurs quotidiens âgés de 18 à 75 ans (soit 30,1 % de fumeurs quotidiens). C’est un peu moins qu’en Provence-Alpes-Côte d’Azur (32,2 %), Hauts-de-France (30,5 %) et Occitanie (30,3 %), mais nettement plus qu’en Île de France (21,3%).

Carte du tabagisme en France selon les régions

Carte du tabagisme en France selon les régions

Près des trois-quarts (74,7 %) des fumeurs quotidiens du Grand Est consomment plus de 10 cigarettes/jour), contre les deux-tiers au niveau national (66,8 %).

Conséquence de ces habitudes, le Grand Est présente une incidence et une mortalité élevées pour le cancer du poumon, la broncho-pneumopathie chronique obstructive et les cardiopathies ischémiques) avec de fortes disparités entre les départements ; la Moselle, la Meurthe-et-Moselle et les Ardennes présentant les situations les plus préoccupantes.

Evolution entre 2000 et 2017

Les variations ne sont pas les mêmes chez les hommes et chez les femmes. Pour ces dernières, après une baisse nette en 2016 (6,5 % de fumeuses en moins) on constate une hausse de 5,2 % en 2017 avec le même pourcentage de fumeuses qu’en 2000. Chez les hommes. les tendances sont inverses ces dernières années, mais on constat une baisse des fumeurs depuis 2000.

Le tabagisme des jeunes de 17 ans dans le Grand Est : des données encourageantes à première vue

En 2017, on comptait 25,1 % de fumeurs chez les jeunes Français de 17 ans avec des taux variant de 18,9 % en île-de-France à 31,0 % en Bretagne. Le chiffre pour le Grand Est est de 23,5 %.

Pourcentage de fumeurs quotidiens à 17 ans : carte des régions

Pourcentage de fumeurs quotidiens à 17 ans

Mais les jeunes de 17 ans du Grand Est sont de « gros » fumeurs

Chez les jeunes de 17 ans, l’usage intensif du tabac (au moins 10 cigarettes par jour durant les 30 derniers jours) variait de 3,3 % à 11,0 % selon les régions (figure 4) et la moyenne nationale était de 5,2 %. La prévalence la plus faible était enregistrée en Île-de-France (3,3 %). A l’inverse, les régions Corse (11,0 %), Normandie (7,5 %), Hauts-de-France (6,7 %), Bourgogne-Franche-Comté (6,4 %) et Grand Est (6,3 %) se distinguaient par une prévalence statistiquement plus élevée par
rapport aux autres régions. La prévalence de l’usage intensif du tabac à 17 ans était significativement plus faible aux Antilles et en Guyane, tandis que La Réunion (5,0 %) affichait une prévalence similaire à celle de la France métropolitaine.

carte des régions avec le pourcentage de gros fumeurs quotidiens à 17 ans

Pourcentage de gros fumeurs quotidiens à 17 ans

La quantité de tabac fumé est plus importante dans le notre région

En 2017, les fumeurs quotidiens fumaient en moyenne 15,3 cigarettes (ou équivalent) par jour, les hommes (15,5) comme les femmes (15,0).

Parmi les fumeurs quotidiens de la région Grand Est, 74,7 % fumaient de façon intensive (plus de 10 cigarettes par jour), (74,8 % des hommes et 74,5 % des femmes), proportion supérieure à celle de la France métropolitaine qui était de 66,8 %.

La cigarette électronique

Un Français sur trois a déjà expérimenté la cigarette électronique (36,0 % en 2017 pour la région Grand Est) avec un taux de 39,1 % chez les hommes et 33 % chez les femmes.

Le vapotage concerne plus les fumeurs quotidiens ou occasionnels (75,9 %) que les ex-fumeurs et décroit  avec l’âge. Les utilisateurs quotidiens sont plus nombreux chez les 31-45 ans (3,0 %), suivis des 46-60 ans (2,5 %) et des 18-30 ans (2,4 %)

Il est nettement moins fréquent chez les personnes n’ayant jamais fumé de tabac que parmi les fumeurs et ex-fumeurs (7% sur l’ensemble de la France métropolitaine), et le vapotage quotidien ne concerne que 0,1 % d’entre elles.

carte des régions avec le pourcentage d'Expérimentation et usage quotidien de la cigarette électronique

Expérimentation et usage quotidien de la cigarette électronique

Les tentatives d’arrêt

Un majorité de fumeurs quotidiens ont envie d’arrêter de fumer. Pour le Grand Est le chiffre est de 55,3 %, dont 25,3 % avec un projet d’arrêt dans les 6 mois. Cela concerne davantage les femmes que les hommes : 60,5 % contre 50,8 % et surtout les 46-60 ans (68,4 % chez les femmes et 59,9 % chez les hommes).
Parmi les fumeurs quotidiens, 25,1 % avaient fait une tentative d’arrêt d’au moins une semaine au cours des 12 derniers mois avec un pourcentage comparable dans les deux sexes : 25,8 % parmi les hommes et 24,2 % parmi les femmes. Les 18-30 ans étaient les plus nombreux à avoir fait une tentative d’arrêt du tabagisme.

carte régionale des Tentatives d’arrêt dans l’année et envies d’arrêter de fumer

Tentatives d’arrêt dans l’année et envie d’arrêter de fumer

La France doit mieux faire

Comme le soulignent dans le BSP Grand Est le Directeur de l’Agence Régionale de Santé Grand Est, Christophe Lannelongue, et le Président de Grand Est Sans Tabac, le Pr Yves Martinet, « des pays comme le Royaume Uni et la Norvège, ont montré qu’il était possible d’éviter les maladies et les morts liées au tabac comme l’ont fait d’autres pays tels le Royaume-Uni ou la Norvège. »
« L’Agence régionale de santé (ARS) Grand Est, dans son Programme Régional de Lutte contre le Tabac (PRLT), a inscrit la lutte contre le tabagisme comme une de ses grandes priorités en retenant trois axes.

  • Le premier, intitulé « protéger les jeunes et éviter l’entrée dans le tabac », repose sur le développement des compétences psycho-sociales associé à des mesures de réduction de l’offre et de dénormalisation de la consommation de tabac.
  • Le second axe vise à aider les fumeurs à arrêter de fumer, ce qui est le souhait de deux fumeurs sur trois. Face à une des drogues les plus dures sur les marchés des produits licites et illicites, il est possible d’aider les fumeurs à franchir le pas en développant leur motivation, collectivement ou individuellement. Ceci nécessite l’implication active des différents professionnels de santé et donc une formation rigoureuse (initiale et continue) afin que la prise en charge des fumeurs devienne systématique, à chaque consultation (quel qu’en soit le motif), et à chaque hospitalisation. 
  • Enfin, le troisième et dernier axe qui consiste à créer un environnement favorable, vise à la dénormalisation du tabac. Il convient de casser l’image encore positive de la consommation de tabac dans la société française en démontrant que le tabac n’est pas un produit banal puisque sa consommation tue ses usagers. Parallèlement, il est souhaitable d’étendre les lieux non-fumeurs, par exemple, aux universités, mairies, ARS, parcs publics (*), lieux de pratique d’activité physique…, notamment dans le cadre des contrats locaux de santé. »

(*) : Le conseil municipal de Strasbourg qui avait a voté en 2014 l’interdiction de fumer dans ses aires de jeux, l’a étendue le 24 juin 2018 à tous ses espaces verts avec mise en application dès le 1er juillet. Un exemple à suivre.

Panneau d'interdiction de fumer